A partir de ce lundi 1er juillet, Budapest assure la présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne pendant six mois, entre Belgique et Espagne. De quoi provoquer l’inquiétude en Europe, en raison des postures eurosceptiques et pro-russes du Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
“Viktor Orbán a un goût assumé pour la provocation”, commente Le Monde. Alors que la Hongrie prend ce lundi 1er juillet la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour une durée de six mois, son Premier ministre a choisi de l’inscrire sous un slogan “purement trumpien : ‘Make Europe Great Again’ ”, poursuit le journal du soir. Une source d’inquiétude pour les partenaires européens de Budapest, tant le dirigeant hongrois, “volontiers pro-russe, a multiplié ces dernières années les signes de mauvaise volonté à [leur égard], notamment dans le dossier ukrainien”, rappelle France info.
De son côté, la Hongrie s’emploie toutefois à “rassurer” les autres Etats membres de l’UE, note Le Figaro. “Ce sera une présidence comme les autres. Nous serons des médiateurs honnêtes et nous essaierons de coopérer sincèrement avec les Etats membres et les institutions de l’UE”, assure l’ambassadeur hongrois auprès de l’Union, Ódor Bálint, cité par le quotidien.
Le pays qui occupe la présidence tournante a pour mission de “définir certaines priorités, d’organiser les débats entre les Etats membres et de chercher un compromis entre eux sur les législations en cours d’examen, tout ceci en restant un médiateur impartial”, explique Le Monde. A ce titre, la Hongrie pourra toutefois “mettre en avant certains sujets qu’[elle] juge prioritaires”, analyse Ouest-France.
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Compétitivité, défense et élargissement au programme
Parmi les sept priorités annoncées par le ministre hongrois des Affaires européennes, János Bóka, lors d’une conférence de presse à Budapest le 18 juin dernier, figurent en premier lieu “la compétitivité et la défense”, jugées “consensuelles” au sein du bloc [Le Monde]. En revanche, le troisième axe prioritaire identifié par la Hongrie est “déjà plus sensible”, analyse le journal du soir.
En visant une politique d’élargissement “cohérente et fondée sur le mérite”, selon les mots de János Bóka, il faut comprendre que Budapest compte “favoriser plutôt l’adhésion de son allié serbe que celle de l’Ukraine”, peut-on lire sur le site du quotidien. A cet égard, le Premier ministre magyar a toutefois cédé sur “l’avancement des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE”, officiellement ouvertes mardi 25 juin, rappelle The Guardian.
En outre, la présidence magyare du Conseil de l’UE “veut aller de l’avant en matière de politique migratoire”, et ce dans un sens plus restrictif, en particulier vis-à-vis de l’immigration illégale, fait savoir le Taggeschau. Il s’agira ainsi pour Budapest d’organiser la mise en pratique du “Pacte sur l’asile et la migration”, lequel a été difficilement adopté le 10 avril, et auquel le gouvernement de Viktor Orbán s’était farouchement opposé, poursuit la chaîne télévisée allemande.
La Cour de justice de l’Union européenne a par ailleurs condamné Budapest, le 13 juin dernier, “à payer une somme forfaitaire de 200 millions d’euros et une astreinte d’un million d’euros par jour pour ne pas s’être mise en conformité avec le droit de l’UE en matière d’asile”, note la chaîne télévisée suisse RTS.
D’autres sujets seront à l’ordre du jour de la présidence hongroise. Budapest a également placé “l’avenir des politiques de cohésion”, “l’agriculture” et la “démographie” au cœur de son programme pour le second semestre de l’année 2024, indique Sky TG24.
Un rôle “minimal”
L’accès du pays à la présidence tournante du Conseil de l’UE “tombe, si l’on peut dire, au meilleur moment”, juste après les élections européennes, entre deux législatures, c’est-à-dire à un moment où le rôle de Budapest sera “minimal”, considère un commissaire européen cité par Le Monde. En effet, “la nouvelle Commission ne sera pas en place avant le 1er novembre, dans le meilleur des cas, et les élus du Parlement européen seront, d’ici là, plus occupés à s’installer et à voter sur l’investiture du prochain exécutif communautaire”, explique le journal du soir.
De plus, le gouvernement hongrois a veillé, à l’approche du début de sa présidence, selon la formule d’un diplomate, à “nettoyer l’agenda” en donnant son feu vert à des sujets auxquels il était opposé, explique Le Figaro. Les représentants de la Hongrie “ont laissé passer la Conférence intergouvernementale sur les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, le quatorzième paquet de sanctions contre la Russie, les engagements de sécurité UE-Ukraine (non-contraignants) et ils vont laisser passer le régime de sanctions sur les activités déstabilisatrices russes”, énumère ce même diplomate [Le Figaro]. Ce qui s’inscrit dans la volonté générale des Hongrois d’être “super professionnels”, juge un autre diplomate habitué des négociations entre les Vingt-Sept, cité par RTS.
A noter par ailleurs que Viktor Orbán, à la tête du Fidesz (extrême droite, siégeant actuellement chez les non-inscrits au Parlement européen), a annoncé dimanche 30 juin à Vienne, “son intention de former un nouveau groupe parlementaire [européen]”, avec le parti d’extrême droite autrichien FPÖ et le mouvement populiste de l’ancien Premier ministre tchèque Andrej Babiš, ANO [Les Echos]. Le parti du dirigeant magyar a en effet été “rejeté par les Conservateurs et réformistes européens”, l’un des deux groupes actuels de l’extrême droite au Parlement européen, et n’a pas cherché à rejoindre Identité et démocratie, où siège notamment le Rassemblement national, rappelle le quotidien hongrois Népszava.