L’impossible union de la gauche pour les européennes


En France, les appels à l’union se multiplient au sein d’une gauche plus divisée que jamais. À quatre mois des élections européennes, les tentatives de rassemblement se heurtent à des divisions réelles sur le plan politique.

Les appels au rassemblement des forces de gauche pour les élections européennes se multiplient. Et pour cause, selon le dernier sondage OpinionWay/Tilder diffusé le 31 janvier, la liste La France Insoumise (LFI) recueillerait 8% des intentions de vote, celle d’Europe Écologie Les Verts (EELV) aussi et le Parti socialiste (PS)  6%. Le mouvement Générations de Benoît Hamon, l’ancien candidat à l’élection présidentielle sous la bannière socialiste pourrait rester aux portes de l’hémicycle européen avec 4% des intentions de vote, ainsi que le Parti socialiste français (PCF) qui affiche 2%.

Entre ces formations politiques, le contingent d’électeurs potentiel cumulé pourrait donc concurrencer les listes portées par La République En Marche (20%) et par le Rassemblement National (22%). Et assurer à la gauche française une délégation conséquente d’eurodéputés à Strasbourg après le scrutin européen qui se tiendra en mai 2019.

Entre division et union

Aujourd’hui, les socialistes français comptent 12 élus au Parlement européen, les écologistes 6 et les communistes et la France insoumise 5 eurodéputés depuis le ralliement de l’ex-socialiste Emmanuel Maurel. Soit un total de 23 eurodéputés sur les 74 sièges qu’occupe la France.

En 2014,  la gauche radicale avait réussi à s’unir sous la bannière du Front de Gauche. Lors du lancement de la campagne électorale du PCF le 5 février à Marseille, la tête de liste, Ian Brossat, a laissé la porte ouverte à des alliances à gauche. Mais un rapprochement entre Les Insoumis et les Communistes apparaît peu probable.

Les électeurs socialistes, qui avaient représenté 14% des voix en 2014, sont aujourd’hui divisés entre la liste menée par le Parti socialiste et celle de l’ex-candidat à la présidentielle, Benoît Hamon.

Ce dernier s’est d’ailleurs fait le chantre du rassemblement de la gauche, en appelant à plusieurs reprises à une union avec les autres partis. Pour éviter un éparpillement des listes, le cofondateur de Générations a proposé un processus de « votation citoyenne » pour servir de base à une liste commune.

Via un vote citoyen, le candidat espère voir émerger une liste et un programme commun pour les élections européennes. « Nous adressons aujourd’hui une invitation aux têtes de liste et aux forces politiques, et plus largement à des intellectuels et aux mouvements citoyens pour qu’ils s’inscrivent dans cette votation et répondent avant le 22 février », a-t-il détaillé dans une interview au Monde.

La liste des partis et mouvements à rassembler est longue. Outre La France insoumise, le PS, les Verts et les Communistes, Benoît Hamon cite également les Radicaux de gauche (LRDG), le mouvement citoyen Nouvelle Donne, Diem25 de Yanis Varoufakis et Place publique de Raphaël Glucksmann.

Les électeurs serait appelés à indiquer les trois listes qu’ils préfèrent par ordre hiérarchique. Pour trancher sur les divergences de programme, les citoyens pourraient aussi être consultés sur les grandes thématiques.

Yannick Jadot, cavalier seul

La médiation du vote citoyen pourrait-elle débloquer les alliances ? Nouvelle Donne et Place publique ont également répondu favorablement à l’appel.

D’autre à l’image du Parti socialiste font montre d’une envie de créer des synergies politiques. Pour preuve les appels reçus à l’union du premier secrétaire Olivier Faure. Mais du côté des écologistes et de La France Insoumise, la porte reste close. Le candidat des Verts a d’ailleurs immédiatement rejeté l’éventualité d’une votation citoyenne.

« L’écologie, c’est bien plus que la gauche », a réagi Yannick Jadot sur France Info le 8 février.  « Ce que je propose, moi, à tous les électeurs de gauche et bien au-delà à tous les humanistes, c’est d’ouvrir une nouvelle page politique en Europe qui est l’écologie », a-t-il développé, soulignant les «désaccords sur l’Europe » existant entre les différentes formations de gauche.

La France Insoumise, emmenée par Manon Aubry n’a pas encore répondu à la proposition de Générations. Mais l’échec de l’alliance proposée par Benoît Hamon à Jean-Luc Mélenchon  lors de la présidentielle en juin 2017 laisse augurer un scénario similaire.

Des programmes compatibles ?

Au-delà des logiques d’appareil politique, la question du rassemblement de la gauche sous une bannière commune risque de se heurter à des divergences réelles en matière de politique européenne. Si certains combats rassemblent, comme l’opposition aux accords de libre-échange conclus par l’Europe, l’interdiction du glyphosate ou la lutte contre la fraude fiscale, d’autres divisent.

Ainsi, le programme des Insoumis mentionne toujours l’existence d’une possible « sortie des traités européens actuels ». Autre proposition peu consensuelle, celle de bloquer « la contribution française au budget européen tant que l’Union européenne continuera de promouvoir une politique d’inégalités ».



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