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À la COP24 qui se tiendra en Pologne, l’UE va présenter sa stratégie de long-terme pour un avenir neutre en carbone.
Le slovaque Maroš Šefčovič est vice-président de la Commission européenne et responsable du marché intérieur de l’énergie.
Un des éléments centraux de la politique énergétique de l’UE est le paquet Énergie propre. Ces mesures sont-elles suffisantes pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?
Je vous le dis tout de suite : c’est un grand jour pour l’énergie propre et pour l’avenir de l’Europe. Le Parlement européen a émis des propositions très ambitieuses qui garantissent qu’en 2030, 32 % de nos besoins énergétiques seront couverts par les énergies renouvelables. Ainsi, nous pourrons respecter nos engagements vis-à-vis de l’accord de Paris.
Néanmoins, il y a encore du pain sur la planche. D’ici la fin de l’année, nous devons concevoir le marché commun de l’électricité. Il s’agit de mieux intégrer les énergies renouvelables dans le mix énergétique et de donner plus de pouvoir au consommateur. Il faudra également revoir le rôle des fournisseurs d’énergies dans le stockage de celle-ci. La technologie nécessaire au stockage de l’énergie jouera un rôle majeur dans la transformation et la modernisation du secteur énergétique.
L’Europe est donc une pionnière en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, il faut bien admettre que ce n’est pas suffisant. Avec toutes ces mesures, nous visons une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’environ 45 % d’ici 2030. C’est 5 % de plus que l’objectif fixé à Paris, certes, mais le dernier rapport du GIEC montre clairement que la communauté internationale est clair : nous devons faire plus.
Vous parlez de responsabilité partagée à l’échelle mondiale. La COP24, qui aura lieu en Pologne début décembre, semble s’inscrire dans cette vision. Qu’attendez-vous de cette conférence ? Quelle sera la contribution de l’UE ?
À elle seule, l’Europe ne peut pas tout faire. Nous devons collaborer entre États du monde entier, ce qui représente un énorme défi.
En tant qu’Union, nous voulons profiter de la COP24 à Katowice pour présenter notre stratégie à long terme pour rendre l’Europe carboneutre dans la seconde moitié du siècle.
C’est un énorme défi que tous les secteurs économiques sont en train de se lancer. Il faudra réduire les gaz à effet de serre dans l’agriculture et les transports, renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments, mais aussi repenser complètement notre comportement au quotidien.
Avec notre concept, nous espérons motiver des acteurs du monde entier, car sur ce plan-là, il n’y a qu’ensemble que nous pourrons y arriver.
De visite à Berlin, vous rencontrez en ce moment de nombreuses personnalités politiques. Le Dieselgate fait partie intégrante de l’agenda énergétique européen. Que pensez-vous des mesures récemment établies ? Quels sont les défis majeurs rencontrés par la Commission ?
Je sais à quel point ces débats sont difficiles pour les Allemands, mais également pour les Européens. Les voitures allemandes sont très appréciées dans le monde. Elles sont d’ailleurs assemblées dans plusieurs pays européens, dont le mien, la Slovaquie.
Pour moi, la meilleure réponse au Dieselgate consiste à se concentrer sur l’avenir. L’Europe doit continuer à construire les meilleures voitures au monde, mais aussi les plus propres.
À ce sujet, j’ai pu avoir des discussions fructueuses avec le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, et les principaux représentants de l’économie allemande. Je me réjouis de la volonté de l’Allemagne d’améliorer sa mobilité propre.
Mais au-delà de l’Allemagne, l’UE doit mettre sur pied une politique industrielle commune et une coopération étroite. Par exemple, le marché des batteries pèsera 250 milliards d’euros en 2025, et 25 à 35 millions de voitures électriques circuleront dans l’UE d’ici 2030. Bien entendu, il est dans notre intérêt que ces batteries soient produites en Europe, car de nombreux domaines en dépendent, comme l’industrie automobile, le transport maritime, les trains et le stockage de l’énergie renouvelable.
Dans les débats sur la politique énergétique et la sécurité de l’approvisionnement, le projet Nord Stream 2 semble prendre beaucoup de place. Comment pensez-vous que l’UE doive développer ses rapports avec la Russie ?
La sécurité de l’approvisionnement énergétique a tout de suite été une question cruciale dans les pourparlers sur l’Union de l’énergie. La transparence des sources d’énergie des États membres a notamment été renforcée, de sorte qu’il est désormais plus facile d’en évaluer les dangers.
Néanmoins, Nord Stream 2 est un projet très polarisant. Environ la moitié des États membres s’y opposent pour des raisons politiques ou sécuritaires. C’est pourquoi nous veillons à ce que chaque projet de gazoduc, y compris Nord Stream 2, soit pleinement compatible avec le droit européen. Nous nous attelons à la tâche avec le Parlement européen et les États membres.
Dans le même temps, nous coopérons étroitement avec l’Ukraine et la Russie sur une base trilatérale afin de conclure un nouveau contrat d’approvisionnement du gaz pour remplacer celui qui expirera l’année prochaine.