Les six arguments pour le rejet de la fusion Alstom-Siemens

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La Commission européenne a décidé de bloquer la fusion entre Siemens et Alstom, qui aurait créé un champion européen dans le secteur ferroviaire. L’UE craint l’impact négatif sur le marché européen et les consommateurs.

« En l’absence de mesures correctives suffisantes, cette concentration aurait entraîné une hausse des prix pour les systèmes de signalisation qui assurent la sécurité des passagers et pour les futures générations de trains à très grande vitesse », a expliqué Margrethe Vestager, pour justifier le rejet de la fusion.

Une journée inhabituelle

« Les décisions d’interdiction sont rares », a expliqué la commissaire dans ses premières remarques. Le 6 février, la Commission annonçait pour la première fois deux décisions d’interdiction le même jour.

Ces dix dernières années, l’exécutif européen a approuvé 3 000 fusions et rejeté sept acquisitions.

Avons-nous besoin d’un champion européen pour concurrencer la Chine ? Paris et Berlin soutiennent que l’acquisition d’Alstom par Siemens était essentielle pour concurrencer le Chinois CRRC, le plus grand constructeur de train au monde.

Pour Margrethe Vestager, l’arrivée des concurrents chinois sur le marché européen dans le domaine des systèmes de signalétique et celui des trains à grande vitesse n’est pas prévisible « dans un avenir proche ».

La commissaire a rappelé que 90 % des activités de CRRC se trouvaient dans le marché chinois. Par ailleurs, la Chine n’a vendu aucun train à grande vitesse en dehors de ses frontières, et aucun fournisseur chinois n’a participé à des appels d’offres pour la signalétique en Europe.

La responsable danoise a ajouté que, pour les trains à grande vitesse, il était « très important » d’avoir remporté des appels d’offres précédents, ce qui réduit encore les chances des nouveaux arrivants.

À plus forte raison quand Siemens et Alstom sont déjà des champions européens, estime-t-elle, et que les dimensions du marché interne leur ont permis de croître et de rester compétitifs.

Ce cas ressemble-t-il à celui d’Airbus ?

La fusion Alstom-Siemens a été comparée à la création d’Airbus dans le secteur de l’aviation il y a presque 50 ans. Celle-ci avait pour but de faire face à l’Américain Boeing. Pour Margrethe Vestager, la situation du secteur de l’aviation est cependant différente au vu du marché ferroviaire actuel.

Dans le cas d’Airbus, la fusion était « un bon exemple de création de la concurrence ». Le marché était dominé par Boeing et les acteurs européens étaient trop petits pour affronter le fabricant américain.

La fusion Siemens-Alstom aurait toutefois débouché sur une concurrence limitée, puisque le nombre d’acteurs aurait diminué, tout en nuisant à l’innovation et en augmentant les prix.

Pourquoi les mesures correctives proposées n’étaient pas suffisantes ?

Pour Margrethe Vestager, la fusion entre les entreprises allemande et française aurait créé « de loin » le plus grand constructeur de train à grande vitesse et aurait tué toute concurrence dans le domaine de la signalétique dans de nombreux marchés nationaux.

Dans le cas des systèmes de signalisation, la Commission soutient que les mesures correctives complexes proposées n’auraient pas permis de créer un véritable concurrent, car elle ne représentait pas un désinvestissement clair.

En ce qui concerne les trains à grande vitesse, la solution était l’octroi d’une licence pour une technologie de très grande vitesse (le Velaro de Siemens) soumise à de nombreuses conditions très strictes.

Les dernières propositions faites le mois dernier n’ont pas changé grand-chose aux inquiétudes de la Commission, a reconnu la commissaire.

« Une bonne décision »

À mesure que la pression politique montait, Margrethe Vestager est apparue devant la presse avec des arguments bien préparés.

Elle a expliqué que la Commission avait consulté les participants du marché sur les mesures correctives proposées et que leur retour avait été négatif. Les autorités nationales de concurrence et les syndicats s’opposaient aussi à la fusion.

« Même si les arguments de la Commission sont différents de ceux pour lesquels les syndicats s’opposent à cette fusion, cette décision va dans la bonne direction. Cela permettra de sauver des emplois », a déclaré Olivier Kohler, délégué de la CFDT du site d’Alstom à Belfort. « Alstom et Siemens sont deux entreprises qui ont les moyens de vivre séparément. »

Selon Margrethe Vestager, cette décision est « fidèle à notre mandat » puisque les prix n’augmenteront pas, et que l’industrie européenne deviendrait plus compétitive.

Les réactions mécontentes

Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que la décision était « une erreur politique ».

« Le rôle de la Commission est de défendre les intérêts économiques de l’Europe », a-t-il dit sur France 2. « Le rejet de la fusion Alstom-Siemens servira les intérêts économiques et industriels de la Chine », a-t-il insisté.

Quant au ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, il a réagi sur Twitter en disant « le rejet de l’UE de la fusions Siemens/Alstom démontre le besoin urgent d’une stratégie européenne pour l’industrie. On parle de commandes de plus de 100 milliards de dollars dans le monde entier. Voilà pourquoi nous avons besoin de véritables champions européens. La France et l’Allemagne sont d’accord. »

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https://www.euractiv.fr/section/concurrence/news/six-takeaways-from-siemens-alstom-rejection/