Les jeunes Européens peinent à se loger – EURACTIV.fr

La Fondation Abbé Pierre et la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) ont présenté hier (6 mai) leur rapport annuel sur l’état du mal-logement en Europe, alertant sur les difficultés d’accès au logement chez les jeunes. 

« La jeunesse est un facteur aggravant. Elle fait partie des profils sociaux vulnérables », établit d’emblée Sarah Coupechoux de la Fondation Abbé Pierre. Les 15-29 ans représentent 17% de la population européenne et un tiers d’entre eux sont en situation de pauvreté selon le rapport des deux fondations. Si c’est en partie dû à la crise financière de 2008, la crise de Covid-19 a accentué ce phénomène et l’accès au logement est de plus en plus difficile pour cette tranche de la population.

« Cette génération qui subit de plein fouet la crise sanitaire est affectée à la fois sur le plan de l’emploi, mais aussi sur le plan du logement, au point de remettre en cause leur autonomie et leur passage à l’âge adulte», continue-t-elle. Le taux de chômage chez les jeunes en Europe a grimpé de 3% en un an. En février 2021, 18% des 15-29 ans n’avaient pas d’emplois, d’après Eurostat, ajoutant une difficulté supplémentaire à leur accès au logement. 

La Commission européenne a reconnu que les emplois occupés par les jeunes étaient des emplois précaires, et que ces derniers étaient particulièrement touchés par la crise de Covid-19.

Génération « boomerang » 

Cette situation de crise qui frappe les jeunes Européens a donné lieu à un nom : la génération « boomerang ». En Europe, 80% des jeunes de 18 à 24 ans vivent encore au domicile familial. Ils vont et viennent chez leurs parents, sans pouvoir s’établir dans la durée dans un logement qui leur est propre. La pandémie mondiale a accentué ce phénomène, avec la mise en place des cours en visioconférence et du télétravail. Il existe de grandes disparités en Europe : ils sont 36% au Danemark et 95% en Italie. 

Difficile également de trouver un logement décent où vivre dans les grandes villes européennes. Sarah Coupechoux souligne le décalage entre les salaires et les prix des loyers : « à Lisbonne, le revenu moyen d’un jeune est de 900 euros, le loyer moyen d’un studio c’est 1000 euros. Le calcul est vite fait ». 

Autre facteur aggravant : la concurrence des petits logements dans les capitales. « Il y a un accroissement des ménages célibataires, mais les jeunes sont aussi en concurrence avec les touristes qui sont de plus en plus nombreux dans les capitales européennes », déplore la Fondation Abbé Pierre, faisant référence, entre autres, aux plateformes de location type Airbnb qui envahissent le marché de l’immobilier. 

66% des jeunes en France victimes de précarité énergétique 

Les conséquences sont multiples : décrochage scolaire, conditions de logements dégradés, surpeuplement, mais aussi précarité énergétique. Cette année, en France, 66% des jeunes ont dû restreindre leur chauffage pour faire baisser la facture. Autre conséquence alarmante, « on observe une augmentation des jeunes depuis dix ans de façon exponentielle parmi les personnes sans abris », alerte Sarah Coupechoux. 

Face à l’urgence de la situation, la Fondation Abbé Pierre et la FEANTSA appellent les pays membres de l’UE à soutenir la jeunesse : « il faut inclure la question du logement avec les fonds structurels européens, valoriser les aides au logement et instaurer un revenu minimum pour les jeunes », conclut Mme Coupechoux. 

À échelle plus locale, le rapport préconise également le développement des logements étudiants, plus de places dans les foyers pour jeunes travailleurs et un accès plus facile aux logements partagés entre les générations ou avec les exilés. 

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