Les États membres sommés de s’accorder sur l’accueil des migrants sauvés en mer – EURACTIV.fr

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En vue d’une réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE, le Conseil de l’Europe et les ONG pressent les pays de l’Union de s’accorder sur un dispositif de débarquement pour les personnes sauvées en Méditerranée.

« Un accord solide aidera à sauver des vies et démontrera que les pays de l’UE s’engagent à travailler ensemble pour défendre les valeurs fondamentales et les obligations internationales », a souligné Matteo de Bellis, spécialiste de la migration à Amnesty International, dans un communiqué publié en amont de la réunion ministérielle qui se tiendra au Luxembourg.

Les ministres de l’Intérieur de l’UE feront le point sur la question migratoire, notamment sur une potentielle solution provisoire concernant le débarquement de migrants en Méditerranée centrale.

En septembre à La Valette, la France, l’Italie, l’Allemagne et Malte ont signé une déclaration d’intention portant sur « un mécanisme de solidarité provisoire et prévisible » concernant le débarquement des migrants. L’idée avait déjà été examinée par les ministres au cours d’une réunion informelle en juillet.

« Le succès d’un dispositif sur le débarquement et la répartition des personnes sauvées dépend largement du nombre de pays qui y participent et du soutien qu’ils lui accordent », relève Dunja Mijatović, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.

Les pays en première ligne, tels que l’Italie, la Grèce, l’Espagne, Chypre et Malte, ont longtemps porté le poids de l’accueil des migrants en Méditerranée.

En juin 2018, le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini (Lega, extrême-droite), a décidé d’interdire l’accès des ports de la Péninsule aux bateaux de recherche et de sauvetage, puis à ceux de l’opération Sophia, qui ne dispose plus de navires depuis lors.

En conséquence, de nombreux bateaux affrétés par des ONG se sont retrouvés bloqués en mer durant des jours avant de pouvoir accoster, contraints d’attendre que les pays de l’UE trouvent un accord concernant la répartition des personnes à bord.

Le changement de gouvernement en Italie — une coalition formée par le Parti démocrate (centre gauche) et le Mouvement Cinq étoiles (indépendant) — a ouvert la voie pour l’adoption d’une solution commune permettant de réduire le temps d’attente avant le débarquement des migrants sauvés en Méditerranée.

Une solution provisoire

« La réponse actuelle de l’UE au problème des sauvetages en Méditerranée est totalement inadéquate », estime Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch.

L’initiative de Malte « devrait déboucher sur la mise en place d’un dispositif à long terme et plus ambitieux, permettant d’alléger la pression qui pèse sur certains États membres — tels que l’Italie, Malte et la Grèce —, tout en respectant les droits humains de tous les migrants », estime Dunja Mijatović.

Les discussions en cours constituent « un changement de cap très positif », mais pas un virage à 180 degrés de la position des États membres, déclare Sam Turner, chef de mission pour les opérations en mer et en Libye à Médecins sans frontières.

« On ne fait que regarder par le petit bout de la lorgnette un problème que les gouvernements européens continuent largement d’ignorer : le coût humain de leurs politiques migratoires meurtrières », ajoute-t-il.

Le débarquement de candidats à l’émigration sauvés en Méditerranée centrale ne représente en effet qu’une petite partie du phénomène migratoire, qui voit des dizaines de milliers de personnes converger vers l’Europe.

Même si l’accord mettait à la disposition des navires de recherche et de sauvetage un lieu de débarquement sûr, cela ne serait pas suffisant pour le représentant de MSF. « Cela ne changerait rien aux difficultés que les navires des ONG doivent affronter durant leurs missions », souligne-t-il.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, depuis 2014, au moins 18 862 personnes sont mortes en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.

Depuis l’opération Mare Nostrum, qui a pris fin en 2014 et avait pour but de répondre à l’urgence humanitaire dans le détroit de Sicile, les ONG ont joué un rôle majeur en matière de recherche et de sauvetage dans cette zone.

Les opérations de contrôle des frontières Poseidon, Themis et Sophia ont pour leur part permis de sauver 470 000 personnes selon des chiffres avancés par le Conseil.

MSF affirme de son côté avoir porté secours en mer à 79 530 personnes depuis 2015.

Des opérations navales sans navires

La décision prise par l’Italie de fermer ses ports a également affecté l’opération Sophia. Cette mission, destinée à entraver l’action des passeurs et des trafiquants d’êtres humains dans le sud de la Méditerranée centrale, a été prolongée jusqu’en mars 2020. Elle n’est cependant plus en mesure de déployer des navires.

L’UE limite sa mission de secours des migrants

L’Union européenne va limiter la portée de sa mission Sophia de lutte contre le trafic de migrants en mer après avoir décidé mercredi, sous pression de l’Italie, de suspendre le déploiement de ses bateaux militaires, qui patrouillaient au large de la Libye.

Sam Turner rappelle que la recherche et le sauvetage relèvent « en premier lieu de la responsabilité des États » et, déplore-t-il, « c’est uniquement parce qu’ils ont refusé d’assumer cette responsabilité » et d’apporter une réponse appropriée au problème que « les humanitaires ont dû entrer en jeu ».

La commissaire Dunja Mijatović souligne que l’amélioration des capacités de recherche et de sauvetage, la création de voies sûres pour les migrants et la coopération avec les ONG sont fondamentales pour faire face à la situation toujours préoccupante en Méditerranée.

Bien qu’une éventuelle mission de recherche et de sauvetage (SAR) de l’UE ne semble susciter aucun enthousiasme dans les rangs politiques européens, MSF estime qu’un accord sur le débarquement des migrants pourrait servir de catalyseur.

« Je pense que l’absence de solution pour le débarquement des migrants a constitué l’un des principaux obstacles à la mise en place d’une opération SAR de l’UE », relève Sam Turner.

« Nous espérons vivement qu’une telle solution relance la discussion sur le redéploiement de navires dans le cadre de l’opération Sophia, ou sur le lancement d’une opération de recherche et de sauvetage dirigée par l’UE », conclut-il.

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