Le scénario d’un Brexit sans accord menace toujours – EURACTIV.fr

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Les vacances parlementaires terminées, Theresa May tente de nouveau cette semaine de convaincre les députés britanniques de ne pas enterrer l’accord de sortie de l’UE. Sous peine de plonger le pays dans le chaos.

Les députés britanniques doivent reprendre mercredi 9 janvier l’examen du « traité de retrait » de l’Union européenne, âprement négocié durant 17 mois, mais dont l’adoption semble très compromise en raison des critiques multiples.

Le texte est vilipendé tant par les Brexiters, qui craignent un forme d’arrimage permanent à l’UE, que par les europhiles espérant encore pouvoir faire marche arrière.

Initialement prévu le 11 décembre, le vote sur l’accord avait été reporté à la dernière minute par la Première ministre, Theresa May, pour éviter une défaite annoncée. Alors que la presse britannique a évoqué ces derniers jours un possible nouveau report du vote, Theresa May a assuré qu’il aurait bien lieu, la semaine prochaine, autour du 15 janvier.

Sans accord au jour du Brexit, le 29 mars, le Royaume-Uni mettra fin de manière désordonnée à plus de quatre décennies d’appartenance à l’Union européenne, un scénario redouté par les milieux économiques.

« Si l’accord n’est pas voté […], nous nous retrouverons alors en terrain inconnu […] Je ne pense pas que quiconque puisse dire exactement ce qui pourrait alors se passer », a prévenu Theresa May.

« Il y en a qui veulent un deuxième référendum afin d’arrêter le Brexit, d’autres qui cherchent à obtenir un Brexit parfait », a-t-elle souligné. « Je voudrais leur dire de ne pas laisser le mieux devenir l’ennemi du bien, parce que le danger, c’est que nous n’ayons pas de Brexit du tout. »

May remporte un vote de défiance, mais le paie cher

La Première ministre britannique a une nouvelle fois prouvé sa résilience dans les turbulences du Brexit en remportant un vote de défiance. En contrepartie, elle quittera ses fonctions avant les prochaines législatives.

Pour tenter d’amadouer les députés, Theresa May a indiqué que le Parlement pourrait jouir d’un rôle plus important dans les négociations à venir sur la future relation commerciale entre Londres et les 27.

Elle a également évoqué des mesures, sans en préciser la nature, concernant l’Irlande du Nord, une manière de tendre la main au parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, dont le soutien lui est indispensable pour obtenir la majorité absolue au Parlement.

Or le DUP est opposé à l’accord de Brexit en raison du « filet de sécurité », une disposition du texte destinée à empêcher le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord. Celui-ci prévoit la création d’un « territoire douanier unique » englobant l’UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé pour l’Irlande du Nord.

La dirigeante a en outre indiqué qu’elle continuait à travailler avec Bruxelles pour obtenir des assurances susceptibles de convaincre les députés britanniques, après avoir s’être déjà entretenue avec des dirigeants européens durant la période de Noël.

Alors que la date du Brexit se rapproche à grands pas, le gouvernement accélère les préparatifs en prévision d’une éventuelle sortie de l’UE sans accord, érigés en « priorité opérationnelle ».

Scénario catastrophe

Le 7 janvier, un test logistique grand nature impliquant une centaine de camions aura lieu dans un aéroport désaffecté du Kent (sud-est de l’Angleterre). Ce site pourrait être utilisé pour éviter les embouteillages à proximité des ports, que pourraient provoquer un rétablissement des contrôles douaniers en cas de Brexit sans accord.

Les conséquences d’une telle décision restent difficiles à anticiper. Le gouvernement britannique a annoncé en décembre le déblocage de deux milliards de livres (2,2 milliards d’euros) pour préparer ce scénario. Jusqu’à 3 500 militaires pourraient être réquisitionnés pour soutenir les services gouvernementaux qui en exprimeraient le besoin.

En cas de divorce sans accord entre Londres et Bruxelles, les conséquences après le 29 mars seraient nombreuses.

 Frais téléphoniques et bancaires

L’une des premières conséquences visibles pour les consommateurs britanniques et européens concerne l’itinérance, soit la faculté d’utiliser le réseau d’un opérateur de téléphonie mobile à l’étranger. Le service, actuellement gratuit pour les consommateurs au sein de l’UE, engendrerait des frais en cas de « no deal » pour les voyageurs franchissant la Manche ou la frontière irlandaise.

Il en va de même pour l’usage de cartes de paiement, qui devrait entraîner des frais supplémentaires, tandis que les procédures bancaires seront « plus lentes », d’après Londres. Au sein de l’UE, les clients des banques d’investissement basées au Royaume-Uni ne pourront plus faire appel à leurs services financiers. De nombreux établissements ont mis en place des filiales sur le continent pour éviter les perturbations.

Chaos à l’aéroport

Dans les aéroports, une sortie sans accord pourrait créer un véritable chaos, au Royaume-Uni mais aussi à l’étranger. Les compagnies aériennes britanniques et européennes perdront le droit automatique d’opérer des vols entre l’UE et le Royaume-Uni, et devront réclamer une autorisation.

Londres « envisage » d’accorder aux compagnies aériennes des permissions pour qu’elles puissent continuer à fonctionner normalement et « s’attend » à ce que l’UE fasse de même, mais anticipe, dans le cas contraire, « des perturbations sur certains vols ».

Le service de train Eurostar pourrait connaître des difficultés similaires car les licences des opérateurs ferroviaires britanniques en Europe ne seraient plus valables.

Enfin, Londres a signé des contrats à hauteur de 120 millions d’euros avec trois compagnies de ferry pour renforcer les liaisons avec le continent, espérant ainsi fluidifier le trafic et éviter des embouteillages à proximité des ports, confrontés au rétablissement des contrôles.

Charge administrative

Les milliers d’entreprises qui importent ou exportent au Royaume-Uni devraient apprendre à remplir des nouvelles déclarations de douane et envisager de faire face à de nouvelles taxes. Londres a annoncé son intention de travailler avec l’industrie pour « minimiser les délais et les fardeaux supplémentaires ».

Le Royaume-Uni a également annoncé la mise en place d’un système d’indications géographiques protégées pour des produits alimentaires comme le whisky écossais ou le fromage Stilton, jusqu’ici reconnus par des labels européens. Le gouvernement a conseillé aux producteurs de demander l’obtention d’un tel statut protecteur auprès de l’UE.

Les paquets de cigarettes seront également affectés: il faudra introduire une nouvelle iconographie pour prévenir des risques du tabagisme, les droits des photos utilisées étant la propriété de la Commission européenne.

Médicaments et sperme

Pour parer à toute éventualité, le Royaume-Uni va stocker des médicaments pour six semaines supplémentaires, en plus des trois mois de stocks actuels dont il dispose.

Le pays quittera l’Agence européenne du médicament mais continuera à reconnaître temporairement les tests et certifications européens pour éviter une double procédure et une rupture de la chaîne d’approvisionnement.

Londres ne pourra cependant plus faire appel aux banques de sperme européennes: les établissements britanniques devront développer de nouveaux accords et pourraient faire appel à des importations.

Avertissements aux consommateurs

Le gouvernement britannique a prévenu sa population qu’elle pourrait perdre l’accès à certains services de streaming, comme Netflix ou Spotify, une fois le pays sorti du « marché unique numérique ».

Les consommateurs qui achètent en ligne verraient leurs frais augmenter parce que les colis livrés depuis le continent ne pourront plus prétendre à une TVA allégée.

Les Britanniques en vacances en Europe pourraient également devoir obtenir un permis de conduire international, car les leurs « pourraient ne plus être valables ».

Quant au transport d’animaux domestiques, il serait encadré par des règles sanitaires plus strictes.

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