[ad_1]
Actualité
26.10.2018
Les échanges tendus entre le gouvernement italien et l’Union européenne se sont poursuivis cette semaine autour du budget de la péninsule. Autre bras de fer : pour éviter l’évasion fiscale des géants du net, la France et la Commission soutiennent l’établissement d’une taxe GAFA. Enfin, si l’Europe condamne le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et réclame que toute la lumière soit faite sur sa disparition, une réponse politique cohérente peine à se faire entendre.
Le Borsa Italiana, place boursière italienne – Crédits : robertomm / iStock
Table of Contents
Le budget italien continue d’empoisonner les relations Bruxelles-Rome
Comme l’on pouvait s’y attendre, la Commission européenne a fait savoir par un communiqué, mardi 23 octobre, qu’elle rejetait la programmation budgétaire italienne, invitant le pays à « présenter un projet révisé de plan budgétaire pour 2019« . L’Italie avait soumis son budget à l’exécutif européen lundi 15 octobre, en conformité avec les accords de coordination économique de la zone euro.
La coordination économique des États européens
La réaction de la Commission est cohérente avec les annonces faites au cours des semaines précédentes. Largement dévoilé dès le 27 septembre, le budget italien avait déjà fait l’objet de sévères critiques, notamment du commissaire européen à l’Économie Pierre Moscovici qui l’avait jugé « hors des clous« . Des soubresauts sur les marchés financiers ne s’étaient ensuite pas fait attendre, entraînant une hausse du taux d’emprunt italien par rapport à celui de l’Allemagne (spread) et accroissant donc la charge de la dette publique.
Malgré cela, l’Italie a décidé de présenter un budget inchangé, comprenant un déficit public à 2,4% du produit intérieur brut (PIB), avec une part de déficit « structurel » en augmentation, alors que les recommandations européennes demandaient précisément l’inverse.
[Revue de presse] L’Italie maintient son budget malgré les critiques européennes
Après le rejet de la Commission, l’Italie dispose théoriquement de trois semaines pour présenter une version révisée de son budget. Mais cette option paraît très peu probable, alors que le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini a déclaré que « personne ne retranchera un euro de ce budget« .
Mario Draghi, président italien de la Banque centrale européenne, s’est exprimé sur la question, se déclarant « confiant qu’un accord sera trouvé » entre Rome et Bruxelles, mais refusant toutefois de se poser en médiateur.
GAFA : comment éviter l’optimisation fiscale ?
Margrethe Vestager et Bruno Le Maire – Crédits : Sebastien Pirlet ; Genevieve Engel / Parlement européen
Une consultation citoyenne consacrée à la souveraineté économique européenne s’est tenue, mardi 23 octobre à Strasbourg, en marge de la session plénière du Parlement européen. Invités de marque : le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire et la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager.
Au centre des discussions, le projet de loi visant à taxer plus efficacement les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), mastodontes américains du numérique dont les bénéfices prodigieux sont en moyenne deux fois et demi moins imposés que ceux des PME.
Toutefois, le manque de volonté traditionnel des Etats membres d’harmoniser leurs fiscalités pose problème. De fait, certains pays se sont fait une spécialité de la concurrence fiscale agressive afin d’attirer les multinationales. Ainsi, si les Pays-Bas et le Luxembourg tendent à s’ouvrir à la coopération, le cas de l’Irlande reste encore problématique.
Depuis Strasbourg, Bruno Le Maire et Margrethe Vestager, très allants sur le sujet, ont donc plaidé en faveur de cette taxe, qu’ils espèrent voir adoptée d’ici la fin 2018, mais qui nécessite l’unanimité.
Bruno Le Maire et Margrethe Vestager passent à l’offensive sur la taxe GAFA
Visant spécifiquement les très grandes entreprises, la taxe ne « concernerait que les groupes réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros au niveau mondial« . Elle serait testée dans un premier temps au niveau européen, avant une hypothétique mise en place au niveau global.
Affaire Jamal Khashoggi : l’Europe divisée sur la réponse politique à apporter
Federica Mogherini au Parlement européen – Crédits : Mathieu Cugnot / Parlement européen
Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a disparu le 2 octobre, alors qu’il s’était rendu au consulat de son pays à Istanbul. Après avoir nié sa mort, les autorités saoudiennes l’ont finalement reconnue le 20 octobre, en apportant successivement plusieurs versions peu cohérentes des faits. La localisation du corps restant à ce jour inconnue.
Selon la presse turque, à l’origine des révélations et s’appuyant sur des éléments de l’enquête menée par les autorités du pays, il ne s’agirait pas d’un accident, mais bien d’un meurtre prémédité. Après plusieurs jours, le parquet saoudien a fini par reconnaître qu’il s’agissait bien d’un assassinat, tout en continuant à nier l’implication du pouvoir.
Alors que différentes réactions internationales à ce scandale se font entendre, la haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères Federica Mogherini s’est exprimée sur le sujet devant le Parlement européen, mardi 23 octobre. La cheffe de la diplomatie européenne a dénoncé « un crime contre la liberté d’expression » et a appelé à « une enquête transparente« , sur une affaire qui reste encore entourée de très nombreuses « zones d’ombre« .
[Revue de presse] Assassinat de Jamal Khashoggi : une timide réponse européenne
Si la position commune européenne consiste à demander que vérité soit faite, l’attitude à adopter face à l’Arabie saoudite reste pour le moins difficile à établir. La pétromonarchie est en effet un partenaire économique de premier plan pour un certain nombre d’États membres, en tant que fournisseur d’hydrocarbures et gros client des industries d’armement.
La possibilité d’un embargo sur les armes à destination du pays a bien été évoquée par certains acteurs de la politique européenne et mondiale, mais celui-ci reste encore très hypothétique. « L’Allemagne, par la voix d’Angela Merkel, a pris position en ce sens« , mais face à elle « la Wallonie hésite à franchir le pas » tandis que « les autres pays sont plus silencieux« . « La position européenne dans ce domaine très sensible est en effet d’un maniement très délicat« , résume le blog Bruxelles 2, « ni totalement désintéressée, ni totalement impérative« .
Et aussi
Belgique
Crise migratoire
Défense
Elections européennes 2019
Espagne