Afrique et Agriculture verte sujet brûlant du Sommet UE-UA – EURACTIV.fr

L’impact des objectifs durables de l’UE sur les producteurs alimentaires africains sera un sujet clé de la sixième réunion  UE et l’Union Africaine 

La sixième réunion  des chefs d’État et de gouvernement de l’UE et de l’UA se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 février, deux ans après la publication par la Commission européenne de son projet de «  partenariat stratégique  » avec l’Afrique.

Un des objectifs est d’encourager les États africains à adopter les politiques environnementales du Pacte vert européen ( 23 % du PIB de l’Afrique subsaharienne provient de l’agriculture).

L’impact de la politique alimentaire phare de l’UE, la stratégie «  de la ferme à la fourchette » (Farm to Fork, F2F), pourrait se répercuter  sur les petits exploitants agricoles africains:

Rappel des objectifs  : réduction  de 50 % de l’utilisation et des risques liés aux pesticides, de 50 % des pesticides hautement dangereux, une réduction de 20 % de l’utilisation des engrais et une réduction de 50 % de l’utilisation des antibiotiques dans l’agriculture et l’aquaculture, d’ici 2030  par rapport au niveau actuel de l’UE. Cette stratégie «  de la ferme à la fourchette » de l’UE, avec ses aspirations écologiques ne peut avoir comme effet  d’exclure des produits agricoles africains.

Exemple du Kenya: le secteur pourrait perdre plus de 150 milliards de shillings (1,2 milliard d’euros) si l’interdiction de l’utilisation des produits chimiques agricoles entrait en vigueur.La majeure partie des exportations kényanes vers l’UE est constituée de produits agricoles tels que les fleurs coupées, les fruits et les légumes. Le Parlement envisage d’imposer une interdiction totale des produits agrochimiques qui ont été interdits dans l’UE.  La Communauté d’Afrique de l’Est, un bloc de six pays doté de son propre marché unique et bénéficiant de droits de douanes commun, envisage également d’harmoniser les réglementations relatives aux pesticides.

Les États africains se concentrant désormais davantage sur la sécurité alimentaire nationale à la suite des perturbations de la production et de la chaîne d’approvisionnement causées par la pandémie de Covid-19, les pays pourraient privilégier l’approvisionnement alimentaire national par rapport aux exportations de l’UE. «  Les stratégies liées au Green Deal européen sont susceptibles d’éroder de 50 à 60 % une boîte à outils déjà réduite pour les agriculteurs africains, en raison de l’augmentation des coûts agricoles, de la réduction des rendements des cultures, d’où la nécessité d’augmenter la production alimentaire jusqu’à 56 % d’ici à 2050  », soutient Stella Simiyu de CropLife Africa.

Dans le cadre de sa politique alimentaire phare, la stratégie « de la ferme à la table », l’UE s’est engagée à tenir compte des aspects environnementaux lors de l’évaluation des demandes de tolérances à l’importation pour les pesticides qui ne sont plus autorisés dans l’Union tout en respectant les règles et obligations de l’OMC.

Outre les raisons environnementales, cette décision vise également à répondre à la demande des producteurs de denrées alimentaires européens qui ont demandé, afin de rester compétitifs, que les produits importés respectent les mêmes normes environnementales que celles auxquelles ils doivent se conformer dans le cadre du Pacte vert européen.

Le continent africain en grande partie dans la zone tropicale, les agriculteurs locaux sont exposés aux ravageurs de plantes. Selon M. Ojepat, l’UE pousse l’Afrique à mettre en œuvre ses propres objectifs sans lui proposer d’alternatives suffisantes.

La Commission a entamé la procédure visant à ramener les teneurs maximales en résidus (TMR) de la clothianidine et du thiaméthoxame à la limite de quantification, c’est-à-dire à zéro sur le plan technique – premier semestre 2022. Deux groupes de substances en particulier seront identifiés comme des préoccupations environnementales mondiales lors de l’évaluation des demandes de tolérances à l’importation pour les pesticides. Le premier concerne les substances contribuant au déclin mondial des pollinisateurs du groupe des néonicotinoïdes – Le deuxième groupe concerne les substances qualifiées de persistantes et bioaccumulables mais également toxiques pour l’environnement

Ce qui concerne l’Afrique concerne aussi l’Europe

Pour l’agriculteur kényan M. Ojepat, l’application des normes environnementales de l’UE à la production alimentaire en Afrique pourrait aggraver la situation sur le continent qui peine toujours à assurer sa sécurité alimentaire. « L’ambitieux Pacte vert européen semble être adéquat pour l’UE, mais pas pour l’Afrique »,

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https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/lagriculture-verte-est-un-sujet-brulant-a-lapproche-du-sommet-ue-ua/