[ad_1]
Un Conseil européen se réunira les 17 et 18 octobre 2019 pour débattre du changement climatique, alors que l’UE n’a pas pu présenter un programme plus ambitieux lors de Sommet Action Climat, selon Laurence Tubiana.
Laurence Tubiana a été ambassadrice pour les négociations de la COP21 et dirige depuis 2017 la Fondation européenne pour le climat
Les pays les plus économiquement avancés ont fait l’objet de critiques pour n’avoir pas répondu de façon convaincante à l’appel du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres de « tout faire pour mettre fin à la crise climatique ». Partagez-vous cette opinion ?
L’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies concerne le sommet climatique qui se profile, mais les réactions des pays du G20 ont été plus que décevantes. D’une manière générale, les pays en voie de développement sont ceux qui ont montré le plus d’ambition alors que les économies plus avancées semblent plongées dans l’apathie.
Les grandes puissances du G20, comme les États-Unis, le Brésil, le Canada, l’Australie, l’Argentine ou le Mexique ne sont même pas venues ou n’ont présenté aucun engagement. D’autres ont annoncé divers projets, mais qui restaient trop évasifs ou insuffisants pour les défis qui s’annoncent.
Dans son discours, la jeune militante, Greta Thunberg a clamé « nous posons une limite, ici et maintenant ». La distinction est désormais claire entre les pays premiers en première ligne et ceux à la traîne, qui restent de marbre face à la détresse de la jeunesse et qui ne prennent pas en compte les avertissements alarmistes des scientifiques.
Nous devons évidemment maintenir la pression et pousser le géants, notamment l’UE, à répondre, dans les prochains mois, à l’appel d’Antonio Guterres, afin de soumettre de nouveaux engagements climatiques plus ambitieux d’ici à 2020, d’arrêter les projets impliquant l’industrie du charbon et de mobiliser les ressources financières nécessaires.
Qu’en est-il de l’Europe ? Jusqu’à présent, l’UE n’a pas annoncé avoir modifié ses ambitions. La chancelière allemande, Angela Merkel, a présenté la nouvelle stratégie climatique de l’Allemagne pour 2030 qui a provoqué un véritable tollé, car elle était bien trop timide. D’un autre côté, nous avons vu des pays, comme la Grèce, annoncer la fermeture de leurs centrales à charbon bien avant l’Allemagne.
Avec d’autres gros producteurs de gaz à effet de serre qui sont à la traîne, l’UE et ses États membres étaient attendus au tournant. En ce sens, la réaction de l’UE n’a pas été à la hauteur des espérances lors du sommet et le bloc ne parvient pas à devenir le leader en matière de climat.
Toutefois, le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’est voulu optimiste dans son discours devant l’assemblée. La présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé qu’elle présenterait un « Green Deal » européen au cours des cent premiers jours de sa mandature et a proposé de renforcer les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour 2030 afin de les porter à 50 %, voire même 55 %.
Le monde s’attend à plus d’ambitions climatiques de la part de l’Europe en tant que leader international. L’UE et ses États membres vont désormais devoir passer à l’action pour partager un message qui se veut porteur d’espoir et prouve que nous sommes capables de faire preuve d’ambition dans nos actions. Ils peuvent donc servir d’exemple.
Quels points positifs retenez-vous du sommet onusien ? L’augmentation des soutiens financiers pour le Fonds vert pour le climat ?
Le secrétaire général de l’ONU a tiré une excellente conclusion lors du sommet : faire de la neutralité carbone la référence en matière d’ambition climatique avec 65 pays, 10 régions, 102 villes, 93 sociétés et 12 grands investisseurs institutionnels souhaitant former une alliance pour devenir neutres en carbone. Les pays, mais aussi les sociétés, les investisseurs et les grandes villes devront bien entendu se fixer un objectif à atteindre d’ici à 2050 ou peu après.
Une nouvelle tendance pousse les sociétés à s’engager dans la lutte contre le changement climatique. L’engagement d’Amazon visant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040, avec 87 autres sociétés en est un exemple.
L’un des objectifs clés présentés par Antonio Guterres était de fermer toutes les centrales à charbon d’ici à 2020. Plusieurs grands acteurs dans le secteur, notamment la Chine, la Colombie, l’Indonésie et l’Inde ne se sont pas exprimés à ce propos. Les thèmes relatifs à la réduction de l’utilisation du charbon voire même sa suppression totale ont cependant été mentionnés à maintes reprises. L’annonce de Grèce visant à mettre un terme à l’utilisation du charbon d’ici à 2028 a été particulièrement a été bien reçue.
Les nouvelles annonces de contributions pour le Fonds vert pour le climat, s’élevant à plus de 7,4 milliards de dollars, constituent un signal positif. Bonne nouvelle également du côté des investisseurs et des autorités de réglementation financière qui envisagent des nouvelles mesures pour lutter contre le changement climatique.
Enfin, le pouvoir de la jeunesse est sans doute le signe le plus fort, qu’elle manifeste dans les rues ou qu’elle tienne des discours lors du sommet, cette génération martèle que les mesures actuelles sont inadéquates et qu’elle ne baissera pas les bras. Les jeunes ont indiqué clairement aux chefs de gouvernement et leaders de grosses entreprises que la situation n’est plus acceptable et qu’il est temps d’agir.
Qu’est-ce que ces deux sommets apportent en vue de la COP25 et COP26 ?
La science ne se trompe pas. Le temps presse, il faut agir. 2020 consituera un moment décisif pour l’Accord de Paris sur le climat.
Antonio Guterres a mis la barre haute, mais les réponses sont encore insuffisantes. Comme il l’a dit : il est temps de passer à l’action. Les objectifs fixés sont les bons, mais nous devons désormais prendre des mesures pour les atteindre.
L’Europe devra montrer l’exemple et les grandes entreprises ainsi que les acteurs infranationaux devront travailler main dans la main. Nous devrons également pousser les gros émetteurs de gaz à effet de serre à envisager 2020 comme l’année du changement.
La neutralité carbone est l’objectif à atteindre, la COP25 et la COP26 auront besoin d’œuvrer pour y parvenir, grâce à des engagements de tous leurs acteurs à devenir neutre en carbone d’ici à 2050 ou peu après. Les actions à court terme — qui manquaient à l’appel lors du sommet — devront aussi être mises en place. Plus que jamais, nous devons agir.
[ad_2]