Européennes : Emmanuel Macron entre en campagne et veut s’ériger en leader de l’UE

Dans une tribune publiée mardi 5 mars dans la presse régionale, et relayée dans plusieurs journaux européens, Emmanuel Macron lance officiellement sa campagne pour les élections européennes. Proposant une Europe qui rassemble contre celle qui divise, le chef de l’Etat français met en avant trois objectifs : la liberté, la protection et le progrès.

Liberté, protection, progrès

« Emmanuel Macron lance sa campagne européenne directement, sans intermédiaire, dans les 28 États membres à travers une tribune publiée dans plusieurs journaux européens« , annonce Le Point.

« Comme s’il voulait prolonger le grand débat national à l’échelle de l’Union, Emmanuel Macron fait paraître ce mardi, dans des quotidiens des 28 Etats membres de l’UE, Royaume-Uni compris, une longue tribune qui invite à une ‘renaissance européenne’« , commente Libération. Trois axes principaux structurent son « adresse aux Européens« , pour reprendre l’expression employée par le quotidien.

Le premier est celui de la liberté. A cet égard, le président propose de créer une « agence européenne de protection des démocraties » qui, comme l’explique France 24 (avec l’AFP et Reuters) « fournira des experts européens à chaque Etat membre » afin d’assurer une bonne tenue du processus démocratique. Emmanuel Macron appelle également à interdire le financement par des puissances étrangères des partis politiques européens. Il demande en outre un renforcement des règles de l’UE qui visent à bannir de la toile « tous les discours de haine et de violence » [Le Point].

Concernant la protection, Emmanuel Macron propose notamment une remise « à plat de l’espace Schengen« , avec des frontières rigoureusement contrôlées et une même politique d’asile dans tous les Etats membres. Il souhaite aussi voir la création d’une « police des frontières communes et un office européen de l’asile« , ainsi que celle d’un « Conseil européen de sécurité intérieure » [Le Figaro].

Dans ce volet, et dans la perspective du renforcement de la défense européenne, le chef de l’Etat appelle à « établir un traité de défense et de sécurité« , qui définira « nos obligations indispensables, en lien avec l’OTAN et nos alliés européens« , rapporte le quotidien.

Pour finir, M. Macron estime nécessaire d' »assurer une juste concurrence« , en assumant notamment une « préférence européenne » comme le font Américains et Chinois « dans les industries stratégiques et nos marchés publics » [Le Figaro].

Le progrès enfin est envisagé dans sa « dimension écologique » [Le Point]. A cet égard, le président propose « plusieurs nouveautés » : une « Banque européenne du climat pour financer la transition écologique« , une « force sanitaire européenne » pour renforcer la surveillance des aliments et la mise en place d' »une évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses« , énumère l’hebdomadaire.

Une volonté de leadership européen

Avec cette initiative, « Macron se voit en leader de l’Europe » estime L’Express, comme plusieurs autres médias. Une volonté qui n’est par ailleurs pas démentie par les sources élyséennes du Monde. Ces dernières font ainsi ouvertement part au quotidien de la « volonté d’exercer un leadership » en Europe, qui ne soit « ni timide, ni hégémonique« .

Dans cette optique, avant de rédiger sa tribune, « Emmanuel Macron a consulté plusieurs de ses homologues européens« , rapporte L’Express. S’il n’est pas allé « jusqu’à sonder Viktor Orban, Premier ministre de Hongrie« , il a notamment informé le gouvernement italien de Giuseppe Conte, malgré les fortes dissensions avec ce dernier. Et le président s’est logiquement également entretenu avec Angela Merkel, lors d’une visite de la chancelière à Paris le 27 février.

Se voulant « rassembleur et non plus accusateur » [Le Monde], Emmanuel Macron a par ailleurs pris le parti de mettre en « sourdine sa croisade antinationaliste« , selon un titre du Figaro. Le président a soigneusement évité d’entrer en confrontation directe avec les gouvernements nationalistes et les populistes, ne les nommant pas dans sa tribune.

Même s’il entend proposer un projet en opposition avec leur vision, comme le soutient notamment la presse britannique. Le Guardian voit ainsi un Emmanuel Macron qui s’érige en « une voix progressiste face au nationalisme« . Même son de cloche pour le Financial Times, qui estime que l’initiative du président est pensée « pour présenter un agenda libéral et pro-UE pour contrer le pouvoir et la popularité montants des nationalistes au Royaume-Uni, en Italie, en Europe de l’Est et ailleurs« .

La campagne est lancée

Evidemment, dans le contexte de la campagne pour les élections du 26 mai, l’initiative du président français n’a été que très fraîchement accueillie en dehors de sa propre majorité, même si La République en marche a enregistré hier le ralliement de l’ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin [Le JDD].

Ainsi, pour Yannick Jadot, tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts, après « Make our planet great again », M. Macron propose « Make our Europe great again ». Mais « ce ne sont que des paroles, des paroles, des paroles », juge-t-il, estimant également que sur les pesticides ou encore le droit d’asile, le chef de l’Etat n’a pas le même discours à Bruxelles qu’à Paris [Le Figaro].

Une opinion que partage Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s’agissant des droits sociaux. Selon lui, la tribune d’Emmanuel Macron propose « une vision positive de ce qu’il faudrait faire« , mais « on ne peut pas au niveau européen être ouvert sur les droits sociaux et au niveau national être fermé sur ces questions-là« , a-t-il déclaré sur Franceinfo.

Quant aux Républicains, ces derniers reprochent à Emmanuel Macron, à l’instar de François-Xavier Bellamy sur France Inter, de ne pas prévoir de « mettre un terme à l’immigration massive, qui fait le jeu des passeurs« .