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Les dirigeants européens n’ont pas trouvé de consensus sur les mesures de relance à mettre en œuvre pour contrer les effets de la pandémie. Le Conseil européen s’est soldé par une « déclaration » commune sans l’Italie et l’Espagne.
Au cours d’un sommet virtuel qui a eu lieu par vidéoconférence jeudi 26 mars, les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont été contraints d’édulcorer la formulation de leur texte sur la réponse économique européenne au coronavirus. En cause : l’ire de l’Italie, qui a menacé de rejeter le projet de conclusions en raison des conditions imposées pour obtenir l’aide financière de l’Union.
Le Conseil européen a finalement passé la patate chaude à l’Eurogroupe. Dans les deux prochaines semaines, les ministres des Finances tenteront à nouveau de proposer des solutions pour faire face aux conséquences économiques du coronavirus.
S’adressant à la presse à l’issue de la vidéoconférence, Charles Michel, le président du Conseil européen, a déclaré que les dirigeants de l’UE avaient chargé leurs ministres des Finances « de poursuivre leur travail intensif afin qu’ils puissent présenter une proposition permettant de faire face à cette crise et d’assurer la stabilité de l’UE ».
Le président de l’Eurogroupe, Mario Centeno, a annoncé après la téléconférence qu’il convoquerait les ministres des Finances de la zone euro la semaine prochaine, afin qu’ils puissent « rapidement » donner suite au mandat des dirigeants.
Mario Centeno a expliqué que les ministres des Finances s’efforceraient de conclure les travaux sur la manière dont le mécanisme européen de stabilité (MES) – le fonds de sauvetage de l’UE – pourrait être utilisé pour soutenir les économies nationales.
Il a ajouté que l’Eurogroupe rechercherait également « d’autres solutions innovantes ».
Lors d’une conférence de presse vidéo, Charles Michel a confirmé que les dirigeants avaient discuté de la lettre signée par neuf ministres et présidents de l’Union européenne demandant la mise en circulation d’« obligations corona », émises par les institutions européennes au profit de tous les États membres.
« En effet, la discussion est ouverte, d’autres possibilités [peuvent être proposées], la tâche de l’Eurogroupe était donc très précise », a ajouté Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Les « obligations corona »
Après avoir, dans un premier temps, donné quelques signes d’ouverture pour discuter des « obligations corona », l’Allemagne et les Pays-Bas ont clairement fait savoir qu’ils n’accepteraient pas un dispositif de mutualisation de la dette.
Dans leur lettre, les neuf États membres qui soutiennent cette solution ont plaidé en faveur d’« un instrument de dette commune émise par une institution européenne », étant donné que « nous sommes tous confrontés à un choc extérieur symétrique, dont aucun pays n’est responsable, mais dont tous doivent subir les conséquences négatives ».
Dans une autre conférence de presse vidéo organisée après le sommet, Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais, a cependant déclaré que l’émission d’une dette commune reviendrait à « franchir le Rubicon », car elle transformerait la zone euro en une « union de transfert », ce qui n’était pas prévu par le traité de Maastricht.
« Je ne peux prévoir aucune circonstance dans laquelle nous changerions notre position », a-t-il indiqué.
Les conditions du MES
Au lieu de cela, les Pays-Bas et l’Allemagne se sont montrés favorables à l’activation du mécanisme européen de stabilité (MES), doté de 410 milliards d’euros.
Mardi 24 mars, les ministres des Finances se sont mis d’accord pour recourir à l’un des outils du MES : la ligne de crédit à conditions renforcées.
L’Eurogroupe n’a cependant pas précisé les conditions que les pays devraient remplir pour avoir accès aux fonds. Cette question des conditions est rédhibitoire pour l’Italie et d’autres pays, qui affirment que la crise actuelle est causée par un choc échappant au contrôle de leur gouvernement.
Avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, Giuseppe Conte a proposé de créer un groupe de travail composé de cinq dirigeants d’institutions européennes – les présidents du Conseil, de la Commission, du Parlement, de la Banque centrale européenne et de l’Eurogroupe – qui sera chargé de trouver de nouveaux instruments économiques dans les dix jours pour faire face à la pandémie et à ses conséquences économiques.
« Si quelqu’un devait songer aux mécanismes de protection personnalisés mis au point par le passé, alors je tiens à le préciser : ne vous donnez pas cette peine, vous pouvez les garder, car l’Italie n’en a pas besoin », a-t-il déclaré aux dirigeants de l’UE.
Désireux d’apaiser les inquiétudes des Allemands et des Néerlandais, Giuseppe Conte a également rejeté l’idée d’une mutualisation permanente des dettes au niveau de l’UE. « Chaque pays est responsable de sa dette publique et continuera de l’être », aurait-il déclaré lors de la vidéoconférence.
Selon des sources gouvernementales italiennes, la France, l’Irlande, la Grèce, le Portugal et le Luxembourg ont favorablement accueilli le message de Giuseppe Conte au cours de la vidéoconférence.
Le président français Emmanuel Macron a averti que l’épidémie de coronavirus risquait de démanteler les piliers centraux de l’Union, tels que l’espace de libre-circulation de Schengen, si les États membres ne faisaient pas preuve de solidarité dans cette crise.
« Ce qui est en jeu, c’est la survie du projet européen (…) Le risque auquel nous sommes confrontés est la mort de Schengen », aurait-t-il déclaré aux 26 autres dirigeants, selon la même source.
La déclaration publiée à l’issue du sommet fait référence à la préservation du marché intérieur de l’UE, malgré les restrictions aux frontières introduites en raison de la crise du coronavirus. Elle indique également que les mesures devraient inclure la constitution d’un stock d’urgence de matériel médical et l’assouplissement des fermetures des frontières intracommunautaires.
Les dirigeants ont également avalisé les propositions visant à suspendre les règles de l’UE en matière de déficit pendant la crise, permettant ainsi aux pays de dépenser librement pour lutter contre le virus, et ce malgré les déficits abyssaux déjà affichés par certains États membres.
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