Bruxelles prépare une nouvelle amende record contre Google – EURACTIV.fr


La Commission européenne devrait infliger une amende à Google pour ses services de publicité en ligne, mettant ainsi un terme à la dernière affaire d’une bataille antitrust qui dure depuis une décennie.

Selon des sources européennes, la Commission devrait se prononcer aujourd’hui, le 20 mars, pour savoir si Google a entravé la concurrence dans le secteur de la publicité en ligne.

Dans la ligne de mire se trouve surtout le service AdSense de Google, qui utilise les sites web de tierces parties pour y faire figurer du contenu publicitaire textuel, déclenché par les moteurs de recherche.

Google soutient pourtant qu’il a déjà corrigé le tir et dissipé toutes les inquiétudes des autorités de la concurrence de l’UE lors d’une série d’arrangements mis en place en 2016.

Toutefois, le géant américain n’exclut pas une amende de plusieurs milliards d’euros, qui pourrait même dépasser le montant dû suite à l’affaire Android, le système d’exploitation de Google pour les téléphones portables.

Bruxelles ne lâchera pas Google

La Commission européenne a infligé une nouvelle amende record de 4,34 milliards d’euros à Google pour abus de position dominante. Et ne compte pas s’arrêter là.

En juillet dernier, Bruxelles a imposé une amende de 4,3 milliards d’euros à Google qui empêchait les fabricants de téléphones d’installer des moteurs de recherche concurrents. Google a fait appel de cette décision devant les tribunaux européens.

Google estime qu’AdSense, mis en place depuis 2006, est une « niche » et un produit en déclin. Un produit qui a toutefois joué un rôle de taille il y a quelques années, avant que des publicités plus sophistiquées émergent, comme celles capables de suivre les utilisateurs à travers différents sites Internet (retargeting, ou reciblage publicitaire).

Les plaintes soulevées par des services concurrents, et inclues dans les objections de la Commission en mai 2012, ont d’abord été liées à l’exclusivité qu’AdSense imposait à certains sites, en échange d’un plus grand pourcentage de revenus générés par les publicités.

Même si la société a cessé de demander l’exclusivité pour ses services en 2009, elle a continué de réclamer une plus grande visibilité sur les sites qui utilisaient AdSense, ainsi que l’intégration d’un certain nombre de publicités Google.

La Commission s’est aussi inquiétée des moteurs de recherche verticale, les autres instruments de recherche spécialisés dans les contenus spécifiques.

En 2014, Google a tenté de trouver un accord avec la Commission pour régler ces problèmes, mais l’accord n’a jamais été validé par le Collège des 28 commissaires. L’entreprise a quand même décidé d’appliquer unilatéralement les mesures correctives à la mi-2016, affirmant qu’elle avait résolu toutes les préoccupations soulevées par Bruxelles. Même si le ciel semble s’être éclairci aujourd’hui, la Commission enquêtera sur le comportement passé de l’entreprise, entre 2006 et 2016.

Lorsque la Commission a relancé l’affaire en 2016, Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la concurrence, a averti que Google avait « réduit artificiellement le choix et étouffé l’innovation sur le marché ».

L’amende potentielle pourrait atteindre 10 % du dernier chiffre d’affaires annuel de la société mère de Google, Alphabet, soit un amende qui pourrait s’élever à 13 milliards d’euros. L’amende réelle devrait toutefois être beaucoup moins élevée.

Afin de tenter de régler toutes les affaires en cours avec la Commission, Google a également annoncé hier qu’elle appliquerait certaines modifications pour renforcer les mesures correctives dans les achats en ligne et Android, pour lesquelles elle a déjà été condamnée par Bruxelles.

« Dans les mois à venir, via le Play Store, nous commencerons à demander aux utilisateurs d’appareils Android existants et nouveaux en Europe quel navigateur et quelles applications de recherche ils aimeraient utiliser », a déclaré Kent Walker, responsable des affaires internationales chez Google.

Dans l’affaire Android, la Commission a sanctionné Google pour avoir forcé les fabricants de téléphones portables à préinstaller ses applications et pour les avoir payés pour installer uniquement son moteur de recherche.



https://www.euractiv.fr/section/concurrence/news/google-braces-for-multi-million-fine-in-final-eu-antitrust-case/