Brexit : vers un nouveau vote sur l’accord de sortie début juin

Un article publié par notre partenaire Toute l’Europe


Les députés britanniques voteront sur l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’UE début juin, pour la quatrième fois, a annoncé Downing Street. Mais les pourparlers entre Theresa May et l’opposition travailliste, censés permettre de dégager une majorité à la Chambre des communes en faveur de l’accord, progressent lentement…


« Theresa May donne aux députés [britanniques] une nouvelle chance de voter sur le Brexit début juin – que le gouvernement et le Labour aient trouvé un accord d’ici-là ou non« , indique la BBC.

La Première ministre britannique rencontrait de nouveau le leader travailliste Jeremy Corbyn hier mardi 14 mai, afin de dégager un compromis transpartisan sur la question du Brexit. A l’issue de cette réunion, le gouvernement du Royaume-Uni a effectivement fait savoir qu’il comptait de nouveau soumettre l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’UE au vote des parlementaires dans la « semaine du 3 juin« , rapporte Franceinfo (avec l’AFP). Pour mémoire, le fameux accord, laborieusement conclu avec Bruxelles en novembre, a déjà été rejeté à trois reprises par la Chambre des communes.

Ultime tentative

Si le texte est de nouveau rejeté début juin, Downing Street se dit prêt à un no deal, autrement dit une sortie brutale de l’UE, sans accord, ou à une révocation de l’article 50 – soit le maintien du Royaume-Uni dans l’UE – résume la BBC. Des alternatives qui semblent s’imposer au gouvernement de Theresa May. En effet, Bruxelles « n’accordera pas de nouvelle extension au-delà du 31 octobre« , date à laquelle le Brexit a déjà été reporté lors du sommet européen du 10 avril, selon Norman Smith, analyste politique de la chaîne britannique. Enfin, d’après des sources gouvernementales citées par le média, le gouvernement exclut la possibilité de soumettre l’accord au vote une cinquième fois en cas de nouveau rejet.

Le but de cette ultime tentative est de permettre au Royaume-Uni de quitter l’UE « avant la pause parlementaire de l’été« , explique Londres dans son communiqué [Le Monde avec l’AFP]. Pour Downing Street, « il est impératif de le faire » début juin, afin que les eurodéputés britanniques élus le 23 mai n’aient pas à siéger au Parlement européen, dont la première session plénière débutera le 2 juillet. Conformément aux traités européens, si « le parlement [britannique] n’a pas adopté un accord de sortie, approuvé par la reine, d’ici le 30 juin« , les députés « siègeront« , précise Downing Street.

Les élections européennes au Royaume-Uni s’annoncent en outre comme un lourd revers électoral pour le parti conservateur de la Première ministre : « Les sondages […] donnent à peine 11 % des voix pour les conservateurs, un score qui reflète l’état d’esprit des Britanniques, très remontés contre Theresa May et son gouvernement« , analyse Bernard Cros, maître de conférence en civilisation britannique à l’Université Paris-Nanterre, interrogé par La Croix.

Ces mêmes sondages créditent le très récent Brexit Party de l’europhobe Nigel Farage de 34 % des votes. Une perspective qui inquiète d’ailleurs les Européens, craignant que les eurodéputés britanniques viennent « semer la confusion » au Parlement européen, selon Le Point.

L’union douanière, principal point de discorde

Après trois rejets, l’accord de sortie peut-il finalement être approuvé ? Cela semble mal engagé.

Pour sortir de l’impasse, des pourparlers transpartisans ont été initiés début avril entre la Première ministre et le leader des travaillistes Jeremy Corbyn afin de dégager une majorité prête à voter l’accord de retrait à la Chambre des communes. Les discussions n’ont toutefois que peu progressé.

« Le point d’achoppement se situe sur la perspective d’une union douanière avec l’UE« , relatent Les Echos. Les travaillistes veulent une union douanière permanente entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit, mais Theresa May le refuse.

La cheffe du gouvernement britannique a cependant accepté la mise en place d’une union douanière « jusqu’en 2022, laissant aux travaillistes la possibilité de [la] pérenniser s’ils remportent les élections générales prévues à cette échéance« , rapporte le quotidien. Mais « ceux-ci ont rejeté cette proposition, réclamant que cette union douanière soit inscrite dans le marbre dès aujourd’hui« , poursuivent Les Echos. Une option « inacceptable aux yeux des conservateurs partisans d’un divorce radical avec Bruxelles, à l’instar de l’ancien chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson » [BFM TV].

Des sources travaillistes de la  BBC ont par ailleurs affirmé que le Labour ne voterait pas l’accord de sortie si un compromis transpartisan n’était pas atteint. La saga du Brexit est encore loin de se conclure.


Crédits photo : mesteban75 / iStock