Le conseil d’économistes chargés de conseiller le gouvernement d’Angela Merkel déplore un cadre trop rigide dans un rapport rendu ce mercredi.
Les lignes bougeraient-elles outre-Rhin ? Les «Sages» allemands, un conseil d’économistes chargés de conseiller le gouvernement d’Angela Merkel, ont appelé à assouplir le verrou budgétaire du pays «en cas de ralentissement plus prononcé», dans un rapport rendu mercredi. «Le maintien d’une politique de déficit zéro» pourrait «empêcher le bon fonctionnement des stabilisateurs automatiques», indiquent les cinq experts, précisant néanmoins que l’Allemagne ne se trouve pas pour l’instant dans cette situation.
Par cette critique subtile, mentionnée à la 87e page de leur document, ils déplorent qu’un cadre trop rigide interdise au gouvernement de laisser reculer les recettes fiscales tout en augmentant les dépenses publiques – par exemple d’indemnisations chômage -, soit un mécanisme classique en cas de crise.
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Le dogme budgétaire allemand de plus en plus contesté
De plus en plus contesté, le dogme budgétaire allemand repose sur deux règles: l’interdiction inscrite dans la Constitution de contracter toute nouvelle dette fédérale excédant 0,35% du PIB, dite «Schuldenbremse» (frein à la dette), et l’engagement supplémentaire d’un budget fédéral au moins à l’équilibre («Schwarze Null»), respecté depuis 2014.
La règle constitutionnelle prévoit néanmoins des dérogations en cas de crise économique, catastrophe naturelle ou «situations d’urgence extraordinaires», offrant donc des marges de manœuvre au gouvernement rappelées par les Sages. Les experts ont d’ailleurs fermement défendu le maintien de la «Schuldenbremse», qualifiée de «signal important auprès des marchés financiers et des partenaires européens», qui laisse la possibilité «d’augmenter les investissements publics».
L’Allemagne appelée à réduire son excédent budgétaire
Les partenaires européens de l’Allemagne et les institutions financières internationales appellent depuis plusieurs mois le gouvernement d’Angela Merkel à réduire son excédent budgétaire, alors que la conjoncture économique du pays stagne, avec une croissance de 0,5% en 2019 et de 0,9% prévue pour 2020 par les Sages.
La nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, a d’ailleurs envoyé mercredi dernier au micro de RTL un message fort aux pays qui «n’ont pas vraiment fait les efforts nécessaires» pour consolider une croissance fragile, pendant que les Banques centrales «ont fait leur boulot».
«Il aurait été préférable que la BCE s’abstienne de relancer ses rachats de dette», déplorent de leur côté les Sages, ajoutant leurs voix aux nombreuses critiques, notamment en Allemagne, qui ont accueilli l’annonce en septembre d’une reprise des rachats d’actifs de l’institut.