May tente de garder le cap dans le chaos du Brexit

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La démission de plusieurs ministres, dont celui en charge du Brexit, fragilise sérieusement la Premier ministre.

« Je crois de toutes les fibres de mon être que la trajectoire que j’ai définie est la bonne pour notre pays et ses citoyens », a assuré Theresa May lors d’une conférence de presse le 15 novembre.

La journée s’est avérée difficile pour la Première ministre. La veille, elle avait conclu un accord de retrait de l’UE avec Bruxelles et elle le présentait à son gouvernement. Depuis, quatre ministres ou secrétaires d’État ont claqué la porte du gouvernement, dont  le responsable du Brexit, Dominic Raab, tandis que les élus conservateurs eurosceptiques la défient ouvertement en appelant à un vote de censure.

« Nous sommes passés de ‘mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord’ à ‘tout sauf pas d’accord’ », regrette Esther McVey, secrétaire d’État aux pensions, dans sa lettre de démission.

Le 10 Downing Street a également reçu la démission du secrétaire d’État à l’Irlande du Nord et de la secrétaire d’État adjointe au Brexit, Suella Braverman.

Pour couronner le tout, les marchés ont marqué le coup, la livre sterling perdant 1 % à l’ouverture de la bourse, pour se rétablir graduellement après les déclarations de la Première ministre, qui a tenté de neutraliser l’hostilité à son égard émanant de tous les partis politiques.

« Oui, des décisions difficiles et parfois pénibles ont dû être prises », a-t-elle admis. « Je comprends bien que certains sont mécontents de ces compromis, mais cet accord respecte le vote des citoyens et est dans l’intérêt de la nation. »

Il semblerait qu’une dizaine de membres du gouvernement ait exprimé leur mécontentement vis-à-vis de la proposition d’accord. Les démissions pourraient d’ailleurs se poursuivre.

« Union douanière perpétuelle »

La grogne fait rage dans les rangs des conservateurs. Le député d’arrière-ban Jacob Rees-Mogg appelle ainsi à une motion de censure contre la Première ministre. En cas de vote, Theresa May devrait rassembler le soutien d’au moins la moitié de son parti pour rester au pouvoir.

Pour déclencher le scrutin, 48 députés conservateurs devraient le demander au comité de 1922, le groupe parlementaire conservateur. Jacob Rees-Mogg, qui dirige le groupe de recherche eurosceptique européen, a envoyé sa demande le 15 novembre, avant de publier une déclaration attaquant Theresa May.

« Ce dont nous avons besoin, c’est un leader qui dira à l’Union européenne qu’il est impossible de diviser le Royaume-Uni », a-t-il déclaré aux journalistes. Les mesures visant à empêcher une frontière physique en Irlande du Nord ont suscité une levée de boucliers à droite.

« Il est impossible d’accepter une situation qui nous impose une union douanière perpétuelle, il est impossible de payer 39 milliards de livres des contribuables pour quelques promesses », a-t-il poursuivi.

La question nord-irlandaise

Juste après 20 heures, heure anglaise, la personne qui détient sans doute le poste le plus difficile de la vie politique britannique est entrée au 10 Downing Street pour rencontrer Theresa May. Julian Smith est whip en chef du gouvernement : il est chargé de veiller à ce que les élus conservateurs soient présents et votent en fonction des consignes du parti… c’est-à-dire en faveur de la proposition d’accord.

Cependant, même si elle obtient le soutien de son parti, ce qui sera déjà difficile, Theresa May aura encore plus de peine à remporter celui de ses alliés du Parti unioniste démocrate (DUP). Les dix élus DUP permettent au gouvernement une mince majorité à la Chambre des communes.

Nigel Dodds, député DUP, a déclaré aux communes que « la position de cette Chambre est de choisir entre la soumission aux lois et règles définies par d’autres, qui ne défendent pas nécessairement nos meilleurs intérêts ni ceux de l’Irlande du Nord et de notre précieuse union ».

« Le choix est à présent clair. Soit nous défendons tout le Royaume-Uni, l’intégrité du Royaume-Uni, soit nous votons pour un Royaume-Uni vassal et divisé », a-t-il estimé.

Les membres du DUP sont de plus en plus inquiets de voir l’union des nations du Royaume-Uni fragilisée par le maintien de règles du marché unique européen en Irlande du Nord.

Souhaits écossais

Pendant ce temps, les parlementaires écossais, représentant une nation ayant voté à une écrasante majorité pour rester dans l’UE, sont furieux des dispositions accordées à l’Irlande du Nord qui leur permettraient de maintenir des liens étroits avec le continent. Ils voudraient en effet bénéficier de ces mesures dont les Irlandais ne veulent pas.

Le leader du SNP (parti nationaliste majoritaire en Écosse) à Westminster, Ian Blackford, a demandé à Theresa May si l’Écosse pouvait elle aussi instaurer un accord séparé. « Si l’Irlande du Nord peut rester dans le marché unique, pourquoi pas l’Écosse ? »

Le projet d’accord ne prévoit pas que l’Irlande du Nord reste réellement dans le marché unique, mais que les technologies et l’union douanière européenne permettent d’assurer la circulation de la plupart des marchandises entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.

Et après ?

Une série de débats sur l’accord de Brexit devrait avoir lieu dans les semaines à venir et le parlement britannique votera sur la question avant Noël.

Si la proposition présentée est approuvée, l’accord entrera en vigueur le 29 mars 2019, date officielle de sortie du Royaume-Uni de l’UE. Commencera alors une période de transition qui devrait durer jusqu’au 31 décembre 2020.

Du côté de l’UE, le président du Conseil, Donald Tusk, a annoncé qu’un sommet spécial Brexit se tiendra à Bruxelles le 25 novembre afin d’obtenir l’approbation officielle des dirigeants européens pour cet accord, « si rien d’extraordinaire ne se produit » d’ici là.

Avant cette date, les deux parties devront également finaliser la déclaration politique conjointe, un document distinct sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE.

Les ambassadeurs des 27 se réuniront le matin du 16 novembre à Bruxelles afin de se pencher sur la proposition d’accord.

Le Parlement européen devra également approuver le projet. Guy Verhofstadt, de l’ADLE, président du groupe de pilotage de Brexit, a déclaré que de Parlement européen devrait donner son dernier mot sur tout projet d’accord début 2019.

Avec autant d’obstacles potentiels, tant au Royaume-Uni que dans l’UE, il semble peu probable que Theresa May se sorte indemne des mois à venir.



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