L’UE veut jouer les arbitres de la guerre froide commerciale

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Pour temporiser la guerre commerciale en passe de dégénérer entre les États-Unis et la Chine, la France et l’Europe misent sur la réforme de l’OMC.

Reformer l’Organisation mondiale du commerce et enrayer la guerre froide commerciale qui s’installe entre la Chine et les États-Unis. La grande messe organisée par Bercy et le Quai d’Orsay à Paris le 16 novembre sur la réforme l’avenir du multilatéralisme et de l’OMC avait du pain sur la planche.

La réunion a rassemblé nombre d’économistes, d’universitaires qui ont planché sur les failles du multilatéralisme.

« Notre ambition est de relancer cette Organisation mondiale du commerce qui est indispensable », a martelé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire en ouverture des travaux. La volonté de réanimer une organisation en état de paralysie depuis des années n’est pas étrangère à la nouvelle donne mondiale, où le protectionnisme des États-Unis et les pratiques déloyales de la Chine minent les échanges.

L’Europe prise entre deux feux

« Nous sommes face à des difficultés de plus en plus graves. Nous risquons d’entrer dans des décennies de replis et de faible croissance, à cause de la guerre économique mondiale que mènent la Chine et les États-Unis. La nouvelle guerre froide n’est plus nucléaire, elle est commerciale. Et elle a commencé » a affirmé Bruno Le Maire.

Depuis son entrée à  l’OMC en 2001, la Chine n’a cessé d’exploiter les failles réglementaires du système, notamment en multipliant les aides d’États, en entravant l’accès à ses marchés publics, ou avec un non-respect systématique du droit de propriété intellectuelle.

« Prenons l’exemple des batteries. Je souhaite que l’UE développe ses propres batteries de nouvelle génération. Mais en Chine il y a des aides d’État qui subventionnent les véhicules équipés de batteries chinoises. Donc les débouchés sont restreints pour les industriels européens » a expliqué Bruno le Maire.

De leur côté, les États-Unis ont  adopté la riposte douanière en imposant des nouveaux tarifs à l’acier, aux vins et spiritueux. Une réponse qui risque d’attiser le conflit et de provoquer « une guerre chaude commerciale » a mis en garde Bruno Le Maire. « L’UE n’a pas à être la victime commerciale collatérale de la guerre entre les États-Unis et la Chine », a-t-il poursuivi.

Far West commercial

Pour éviter de se trouver prise entre deux feux, l’Europe a décidé d’investir le rôle d’arbitre entre les deux leaders de l’économie mondiale. Et de s’atteler à redonner vie à l’OMC, attaquée frontalement par le président américain Donald Trump.

« Il n’y a qu’une solution à cette guerre commerciale : rassembler la Chine et les États-Unis pour discuter» estime de son côté Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce.

Faute de pouvoir faire front contre les pratiques  chinoises aux côtés de l’allier historique que sont les États-Unis, l’UE a mis sur la table des propositions concrètes pour réformer l’OMC en septembre dernier, visant notamment à réformer le système de règlement des différends.

L’instance chargée d’arbitrer les conflits commerciaux est mise à mal par l’administration Trump, qui refuse de renouveler les membres de son organe d’appel, entravant ainsi le règlement des conflits commerciaux.

L’urgence de la réforme du système de règlement des différends est également défendue par la France. « Le rétablissement d’un organe de règlement des différends capables d’imposer des sanctions à ceux qui ne respectent pas les règles est une priorité absolue. L’OMC doit sortir de la paralysie du consensus. » a affirmé Bruno Le Maire.

Mais lors des discussions internationales à Genève fin septembre sur la réforme de  l’OMC, les débats n’ont que peu avancé.  « Il y a une crise dans le règlement des différends. L’UE a mis une proposition sur la table, et je vois un certain mouvement, mais il est vraiment minime. On avance à une vitesse de glacier, ce n’est pas suffisant » a reconnu Robert Azevedo, directeur général de l’OMC également présent à Paris.

« Si nous souhaitons que l’OMC survive, nous devons en faire une institution du 21e siècle. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que les pays prennent des décisions unilatérales en violation claire des règles de l’OMC », a renchéri Cecilia Malmström.

Pour avancer sur le sujet, l’UE va dévoiler sa proposition de réforme du système de règlement des différends avant le sommet du G20 de Buenos Aires du 30 novembre et 1er décembre.

Climat et numérique

Outre les défis posés par la guerre commerciale, la réforme de l’OMC devra aussi prendre en compte les grandes évolutions du 21e siècle. « Il faudra tenir compte des nouveaux défis du commerce mondial, notamment en incluant la question de l’empreinte carbone dans le commerce mondial ainsi que celle de la création de valeur par le digital » a affirmé Bruno Le Maire.

« Le commerce mondial ne peut pas se réformer sans tenir compte du plus grand défi de ce siècle. La question de l’empreinte carbone doit être directement incluse dans la question des grands échanges » a-t-il poursuivi.

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