Les tensions commerciales dopent le rôle de l’euro à l’international

Un article publié par notre partenaire Euractiv.


Les tensions commerciales, la remise en cause du multilatéralisme et les sanctions unilatérales peuvent être mauvaises pour l’économie, mais ont aussi permis de stimuler le rôle de l’euro à l’international, indique un rapport de la Banque centrale européenne.


« C’est avant tout la diversification aux dépens du dollar qui bénéficie à l’euro », a expliqué Benoit Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), à des journalistes à Francfort.

Selon une évaluation de la BCE, « les turbulences financières dans certaines économies de marché émergentes, les inquiétudes croissantes concernant l’impact des tensions commerciales internationales et les objections au multilatéralisme, dont la mise en place de sanctions unilatérales ont été positives pour la performance de l’euro au niveau mondial ».

Certaines banques centrales, notamment la Russe, ont peut-être commencé à envisager de moins s’exposer à des actifs financiers risqués à cause d’actions unilatérales, indique le rapport de la BCE.

La BCE a souligné que la part de l’euro dans les réserves mondiales de change, les émissions de dette, les dépôts et les encours de prêts a augmenté en 2018, tandis que son rôle de monnaie de facturation est resté stable.

Bien que l’euro reste la deuxième monnaie la plus importante, après le dollar américain, le rapport de la BCE souligne que son rôle mondial s’est amélioré pour la première fois depuis la crise financière.

Tensions avec les États-Unis

Dans son discours sur l’état de l’Union en septembre dernier, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé son intention d’encourager l’internationalisation de l’euro avant la fin de son mandat.

Cela pourrait être une source potentielle de conflit avec les États-Unis étant donné que l’euro grandit au détriment du dollar et que Donald Trump a déjà accusé la politique monétaire de la BCE de dévaluer l’euro.

La décision de Donald Trump de quitter l’accord sur le nucléaire iranien est le troisième coup tiré contre l’économie européenne en six mois. Un épisode qui rajoute de l’instabilité dans une période déjà difficile.

« La Banque centrale européenne ne cible pas le taux de change de l’euro », a déclaré le vice-président de l’euro à la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, qui a rappelé que le rôle des préteurs européens était limité à garantir la stabilité des prix. « En fin de compte, ce sont les marchés qui déterminent le taux de change de l’euro vis-à-vis d’autres devises », a précisé le commissaire.

« Le but de ce travail n’est pas de  contrarier qui que ce soit, mais de voir comment l’euro peut jouer un rôle plus proéminent sur les marchés mondiaux et quels sont les facteurs qui l’en empêchent », a-t-il souligné.

« Il est important que nous construisions, pas contre quelqu’un, mais dans l’intérêt de l’Europe », a ajouté Pierre Moscovici, commissaire européen en chargé de l’économie.

Finaliser la réforme de l’UEM

La Banque centrale européenne s’est aussi penchée sur les progrès réalisés pour renforcer l’Union économique et monétaire ces dernières années et à quel point cela a permis de stimuler le rôle de l’euro à l’international, puisque la résilience de la monnaie et l’attractivité pour les investisseurs étrangers ont été renforcées.

Les ministres européens des Finances se sont rencontrés au Luxembourg le 13 juin afin de finaliser un accord sur la réforme de l’UEM.

Avancer sur l’Union bancaire et l’Union des marchés des capitaux « est fondamental pour renforcer le rôle international de l’euro », a déclaré Valdis Dombrovskis avant la réunion. Les dirigeants ont toutefois encore du pain sur la planche à ce sujet.


Crédits photo : [Julien Warnand/EPA]