Les paquets de chips, casse-tête du recyclage – EURACTIV.fr

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Composés de plastique et d’aluminium très fins, les paquets de chips pose problème à l’industrie du recyclage et aux législateurs. Dans l’UE, tous les emballages devront être recyclables ou réutilisables d’ici 2030.

Walkers, le plus grand producteur de chips britannique, a annoncé le lancement d’un programme pour recycler les 7 000 paquets qu’il produit chaque minute. À ce jour, les paquets de chips ne sont pas recyclables.

L’entreprise avait été ciblée par des centaines d’activistes et de citoyens qui ont fait la Une des journaux en renvoyant leurs paquets de chips à Walkers par la poste, pour dénoncer la pollution entrainée par les emballages.

Atteindre un taux important de recyclage ne sera cependant pas facile pour le producteur. Les paquets de chips sont si léger qu’il n’y a pas vraiment d’intérêt à les collecter pour les recycler, explique Delphine Lévi Alvarès, de Rethink Plastic Alliance, un groupe d’ONG de défense de l’environnement.

« Même s’ils deviennent recyclables, ils ne seront pas recyclés », a-t-elle indiqué lors d’un événement Euractiv. « La réduction du poids se fait toujours aux dépens du potentiel de réutilisation et de recyclage », les pierres angulaires de l’économie circulaire.

Les recycleurs sont bien conscients de ce problème, et certains ont adapté leurs centres de tri pour pouvoir traiter des emballages légers et petits. Ils n’ont cependant pas encore trouvé de solution économiquement viable pour ce type d’emballages.

« Le plastique léger est en effet très difficile à recycler. Nous sommes peu incités à le faire, et il est techniquement compliqué de séparer des films différents », confirme Bénédicte Wallez, de l’entreprise française de gestion des déchets Veolia.

Miser sur l’innovation

Les paquets de chips sont fabriqués à partir de la fusion de plastique et de papier aluminium. Un mélange rendu nécessaire par la haute teneur en graisse du produit, qui signifie qu’il deviendrait rapidement rance s’il était exposé à l’oxygène.

D’ici 2030, « nous espérons que des innovations auront vu le jour » qui permettront de collecter et de recycler plus facilement tous les plastiques à usage unique, paquets de chips compris, indique Leonardo Mazza, fonctionnaire européen chargé de la politique des déchets à la direction générale de l’environnement.

Il y a encore du chemin à faire au sein de l’industrie plastique et des autorités de collecte de déchets avant que cette vision se transforme en réalité, a-t-il toutefois ajouté.

Les producteurs des plastiques légers veulent toutefois faciliter le travail des recycleurs en rendant les paquets de chips recyclables. De là, un plus grand investissement dans le ramassage et le triage permettrait d’augmenter le potentiel de recyclage, assurent-ils.

« Des technologies de recyclage intéressantes sont en développement », explique Achim Grefenstein, vice-président chez Constantia Flexibles, un fabricant d’emballages souples installé à Vienne. « Les marques nous demandent souvent si nous pouvons produire des emballages avec des matières recyclées » ou des produits renouvelables issus de l’agriculture. « Mais aujourd’hui, même avec les dernières technologies, ce n’est pas possible », regrette-t-il.

Pour lui, il n’est donc pas logique de rechercher « le Saint Graal » du recyclage pour les plastiques légers, qui ne représentent que 1 % de la consommation plastique. « Je pense donc que même l’incinération est meilleure, à ce stade. »

Plastiques organiques

Les fabricants ont essayé de développer des alternatives, comme des plastiques organiques, issus de plantes, afin de réduire l’impact écologique des emballages légers.

« Les biopolymères peuvent nous aider en ce qui concerne la dépendance au pétrole » et sont « une option importante pour l’avenir », conclut Achim Grefenstein, qui prévient toutefois que ces produits ne sont pas pour autant biodégradables et ne résoudront donc pas le problème de la pollution.

« Aujourd’hui, il n’existe pas un seul biopolymère qui se décomposerait dans l’océan », insiste-t-il. « La plupart d’entre eux ne se décomposent que dans des installations de compostage industrielles. Donc on a toujours besoin d’un système de collecte. »

Cette option n’est donc pas une solution pour les marchés émergents en Asie, par exemple, où la pollution plastique constitue un problème majeur.

Les activistes écologistes sont en effet sceptiques quant aux plastiques issus de plantes. « Ce n’est pas ce que nous défendons », confirme Delphine Lévi Alvarès, qui met en garde contre « le piège de la substitution » dans lequel sont tombés les législateurs européens.

Comme les autres produits agricoles, les plastiques issus de plantes nécessitent des engrais, de l’eau et des pesticides. Pour la représentante de la Rethink Plastic Alliance, cela ne fait donc que déplacer l’impact environnemental de la pollution plastique à la sphère agricole.

Autre inquiétude : les bioplastiques peuvent mener à plus de pollution parce que les gens pensent qu’ils sont biodégradables et ont moins de remords à les jeter n’importe où.

Le plastique d’origine végétale n’est pas la panacée

ÉDITION SPÉCIALE / Les plus grands producteurs mondiaux de boissons, Coca-Cola et PepsiCo, ont élaboré des projets ambitieux afin de lancer dans le monde entier des bouteilles en plastique d’origine 100 % végétale. Des défenseurs de l’environnement ont lancé un cri d’alerte, car ils voient un parallèle avec la controverse actuelle sur les biocarburants.

Le mouvement Break Free From Plastic, une autre coalition d’ONG, a enquêté sur les déchets plastiques les plus communs sur les plages du monde entier. Les marques les plus souvent identifiables étaient Coca-Cola, PepsiCo et Nestlé. Les produits de la marque Coca-Cola ont été retrouvés dans 40 des 42 pays participants.

Les fabricants d’emballages concentrent pour leur part leurs efforts sur des campagnes à l’attention des consommateurs. En février dernier, Coca-Cola a ainsi annoncé son initiative World Without Waste et s’est engagé à n’utiliser que des bouteilles recyclables d’ici à 2025. Et à partir de 2030, la moitié des bouteilles seront faites à partir de plastique recyclé.

Pour les activistes, les marques devraient plutôt se pencher sur les produits. « Vous ne vendez pas des emballages, vous vendez des produits, des aliments, des jouets, etc. C’est le produit qui est important », souligne Delphine Lévi Alvarès.

Elle se félicite des alternatives comme les supermarchés qui ne vendent que du vrac, de plus en plus populaires. Ce type de magasins a aussi tendance à vendre des produits moins mauvais pour la santé et plus locaux.

« Les alternatives existent, et les gens en redemandent », conclut-elle, appelant les marques à repenser leurs besoins d’emballages.

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https://www.euractiv.fr/section/developpement-durable/news/crunch-time-for-makers-of-crisp-packets-as-eu-waste-targets-loom/