Les citoyens européens en première ligne pour accueillir les réfugiés

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Malgré la fin de la crise migratoire, nombres d’États européens bloquent toujours l’accueil des migrants dans des conditions dignes. Pour l’Agence européenne des droits fondamentaux, l’action au niveau local peut apporter une réponse.

« On ne peut plus utiliser le mot crise car les chiffres de l’immigration ont chuté depuis 2015 », explique Michael O’Flaherty, directeur de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE (FRA). Par contre, le nombre de morts dans la mer Méditerranée a augmenté. Il est passé de 1,4 % de noyades en 2016 à 2,3 % en septembre de cette année.

« D’où l’importance d’améliorer l’accès à nos territoires, d’ouvrir plus de portes dans l’Europe forteresse », demande le directeur de la FRA. « Je ne dis pas que nous devons laisser entrer tout le monde, mais les gens doivent pouvoir demander l’asile. »

Graves violations

Dans son rapport bimensuel sur la situation de la migration dans l’UE, l’Agence des droits fondamentaux regrette que la baisse des arrivées n’ait pas entraîné une baisse des violations des droits fondamentaux, qui se multiplient dans toute l’UE.

En Hongrie par exemple, le Comité Helsinki hongrois rapporte que les autorités ne donnent plus à manger aux demandeurs d’asile s’ils font appel au rejet de leur dossier. Pour se nourrir, ces personnes doivent donc sortir de la zone de transit et retourner en Serbie, d’où ils viennent.

En Italie, les crimes de haine, les propos violents et racistes se multiplient. Un journal national a publié en août dernier une vidéo montrant des policiers à Palerme envoyer du gaz poivré dans les yeux d’un étranger menotté.

En Croatie, une ONG a rapporté le témoignage de douze demandeurs d’asile pakistanais, dont trois enfants, ayant été battus et insultés par des policiers et renvoyés à la frontière entre la Croatie et la Bosnie Herzégovine. Dans ce pays, des cas de vols de téléphone, d’argent et de destruction de documents d’identité des demandeurs d’asile par les forces de l’ordre sont monnaie courante.

Les centres de réception et d’identification (hotspots) des îles grecques de la mer Égée sont gravement surpeuplés. Au total, plus de 16 000 personnes résident dans des centres d’hébergement d’une capacité maximale de 6 300 personnes. En août, 12 ONG ont écrit une lettre à la Commission européenne pour alerter sur les terribles conditions de vie du hotspot de Chios, où il n’y a ni électricité, ni eau potable et trop peu de soins médicaux entre autres.

À Chemnitz, en Allemagne, le meurtre d’un homme de 35 ans, supposément des mains d’un demandeur d’asile, a provoqué des manifestations néonazies où des slogans racistes ont été entonnés et le salut hitlérien brandi.

Apanage des populistes

Des faits accablants pour les autorités policières, ou même pour la responsabilité des États européens, qui échouent dans leur devoir de solidarité, pourtant « actée » dans l’accord sur l’immigration lors du sommet européen sur le sujet en juin dernier.

Depuis 2015, le sujet de l’immigration est devenu l’apanage des partis populistes, qui ont diabolisé le débat pour gagner des électeurs. Ainsi en décembre 2017, 63 % des Polonais s’opposaient à l’accueil des réfugiés, alors qu’à la mi-2015, au plus fort de la crise, 72 % y étaient favorables.

Les pays de l’Est de l’UE mais aussi l’Italie refusent de devenir des terres d’accueil, et invoquent les trop grandes différences culturelles, la perte d’identité européenne ou le remplacement de la religion chrétienne par l’islam. Pourtant, avec une population vieillissante et une démographie en berne, les études comme Eurostat montrent que l’immigration est un facteur positif pour l’UE.

Fin 2015, la Commission européenne affirmait que « l’afflux de réfugiés, s’il est géré correctement, aura un léger effet favorable sur la croissance à court et moyen terme ».

Réponse locale

Face à cette situation, l’échelon local se retrouve souvent en première ligne. « Nous travaillons sur le terrain pour chercher des solutions aux problèmes locaux avec les autorités locales. C’est à ce niveau qu’existent les migrants. », a expliqué Michael O’Flaherty.  «Par exemple, nous cherchons des solutions très concrètes pour que les femmes puissent aller aux toilettes le soir sans avoir peur par exemple », explique-t-il. En parallèle, la FRA soutient une amélioration des lois à Bruxelles et conseille de manière indépendante les États membres.

Des solutions locales pour un problème global

L’Italie continuant d’empêcher les navires d’accoster et de débarquer des migrants sur son territoire, les migrants prennent la route de l’Espagne, arrivent en Andalousie et remontent l’Europe en autobus.

À la frontière franco-espagnole, Bayonne voit depuis septembre les passages se multiplier. Entre mi-septembre et mi-octobre, entre 80 et 100 personnes sont arrivées dans la ville basque. À l’initiative d’étudiants en droit, le collectif Diakité a ouvert fin octobre un centre accueil d’urgence dans des locaux prêtés par la mairie. Le but ? Offrir une pause chaleureuse à ces migrants venus pour la plupart d’Afrique subsaharienne dans leur voyage vers le nord de la France ou de l’Europe. Du chauffage, une connexion à Internet, des vêtements, des repas et des boissons chaudes, la population bayonnaise se mobilise pour éviter à ces personnes de se retrouver dans la rue.

« Il y a beaucoup plus d’acceptation que de rejet envers les migrants dans l’UE. Bien entendu, ce que l’on montre dans les médias, c’est le rejet, et l’acceptation est presque invisible », affirme Michael O’Flaherty.

En effet, l’exemple de Bayonne n’est pas un cas isolé, plusieurs mairies en France ont réquisitionné des bâtiments non utilisés pour en faire des centres d’urgence pour les demandeurs d’asile.

À Bruxelles, ce sont les citoyens eux-mêmes qui s’unissent pour héberger chaque soir plusieurs centaines de personnes, au grand dam du ministre des migrations, de l’extrême droite flamande (N-VA), Theo Fracken.

L’accueil de migrants par les citoyens déstabilise le gouvernement belge

Hébergeurs bénévoles et défenseurs des droits de l’Homme réclament la démission de Theo Francken, le  secrétaire d’État belge à l’immigration. La réaction citoyenne, qui permet d’héberger des centaines de migrants chaque soir, contribue à décrédibiliser le gouvernement .

Des initiatives citoyennes et locales dans toute l’Europe qui aimeraient recevoir un plus grand soutien ou un soutien tout court des autorités nationales et européennes.

À contre-courant

En France, les lois sur le sujet vont à contre-courant du travail des ONG et des citoyens, qui se mobilisent pour loger et nourrir des migrants à la rue, pour cause de manques de place dans les centres d’hébergement.

Michael O’Flaherty alerte notamment sur l’intégration des réfugiés dans la société française. Selon lui les formations de langue ne sont pas suffisantes, le soutien de l’État au logement et à l’emploi pour les demandeurs d’asile est inadéquat. « Par ailleurs, l’État français donne le droit aux demandeurs d’asile de rester 3 à 6, mois pas plus dans les dispositifs nationaux d’accueil. Ce n’est pas réaliste au vu de la lenteur des procédures », regrette-t-il.

Si la durée de l’accueil dans ces centres d’hébergement n’est pas prolongée, celle dans les centres de détention sera multipliée par deux. La nouvelle loi « pour une immigration maitrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », qui entrera en vigueur en janvier 2019, augmente la durée maximale possible dans les centres de détention, de 45 à 90 jours, y compris pour les familles avec enfants.

Le temps limite pour soumettre une demande d’asile va quant à lui passer de 120 à 90 jours, à partir de la date d’entrée dans le pays. Or, dans ses recommandations aux États membres, la FRA demande que les États proposent des procédures justes et individualisées de demande d’asile.

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https://www.euractiv.fr/section/migrations/news/les-citoyens-europeens-en-premiere-ligne-pour-acceuillir-les-refugies/