L’éducation et la formation dans l’Union européenne


Synthèse


05.11.2018

Alexandra Lesur

Chaque État membre de l’UE est responsable de ses systèmes d’éducation et de formation. Cependant, l’Union européenne soutient les actions nationales et permet d’agir à travers un cadre européen défini. Si des progrès considérables ont été accomplis au cours de la dernière décennie, pour réduire par exemple le décrochage scolaire, les défis restent nombreux. L’Union européenne doit faire face au vieillissement de la population et aux nouveaux enjeux d’une économie de plus en plus numérisée.

Elève dans une salle de classe

Elève dans une salle de classe – Crédits : iStock

Des différences d’un État membre à l’autre

Le coût des études supérieures, la durée de scolarisation obligatoire, l’âge d’entrée à l’école… sont autant de différences d’un État membre à l’autre. Si les systèmes éducatifs de chaque pays sont différents, certains témoignent d’un tronc commun à tous les élèves défini par une continuité entre les enseignements du primaire et du premier cycle du secondaire. Les premiers à l’avoir adopté sont les pays scandinaves dans les années 1960. A l’inverse, l’Allemagne ou la Lituanie orientent très tôt leurs élèves par le biais d’un système d’apprentissage très développé.

La moitié de l’UE à 28 fixe la fin de la scolarité à 16 ans minimum et la durée de la scolarisation des élèves varie entre 9 et 13 ans. On observe une fracture nette entre les pays du nord et de l’est avec ceux du sud de l’Europe sur le taux de sorties précoces du système scolaire, pourtant en baisse depuis les années 2000. Alors que les États membres du Nord et de l’Est comptabilisent environ moins de 8% de sorties précoces, les États du Sud et la Roumanie ont des taux deux fois plus élevés, oscillant entre 15 et 22%.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le coût de l’enseignement supérieur varie aussi d’un pays européen à l’autre. Les frais d’inscriptions et administratifs sont inférieurs à 1 000 euros pour la majorité des États. Sans surprise, le pays où les études coûtent le plus cher est le Royaume-Uni (à l’exception de l’Écosse). Les pays les plus généreux sont les pays scandinaves. Au Danemark, les bourses peuvent s’élever jusqu’à 9 000 euros par an. A contrario, les derniers pays entrés dans l’UE ont les bourses les plus faibles, avec un montant inférieur à 1 000 euros.

Plus d’un quart des jeunes de moins de 15 ans n’atteignent que le niveau de lecture le plus bas, 11% des jeunes âgés de 18 à 24 ans quittent l’école prématurément et seuls et seuls 68% des personnes âgées de 25 à 54 ans ont achevé une éducation secondaire supérieure.  

La formation, le niveau d’études ou encore le salaire des enseignements ne sont pas harmonisés au sein de l’UE. L’Allemagne et les Pays-Bas sont les pays qui rémunèrent le mieux leurs enseignants. Enfin, les systèmes éducatifs ne dérogent pas à la règle et sont encore très disparates d’un État membre à un autre. D’après le « Programme for International Student Assessment » (PISA) en 2015, la plupart des Etats membres ont dégringolé dans le classement. Seul le Portugal a continué à progresser et la France a stagné. Après les pays asiatiques qui caracolent en tête, c’est encore la Finlande qui maintient l’un des meilleurs systèmes éducatifs européens. La France se situe à la 26e place, malgré un budget de l’éducation conséquent.

Tableau comparatif du coût des études supérieures en Europe

La politique européenne en matière d’éducation

Dès le traité de Rome, la formation professionnelle est consacrée domaine d’action communautaire en 1957. Il faut attendre le traité de Maastricht en 1992 pour que l’éducation soit formellement reconnue comme un domaine relevant de la compétence européenne. Conformément au principe de subsidiarité, l’UE encourage la coopération et la coordination entre les pays, dont elle peut compléter l’action si nécessaire. De cette manière elle soutient, développe et met en œuvre des politiques d’éducation et de formation tout au long de la vie. L’objectif est de permettre aux États membres de collaborer et de tirer des enseignements les uns des autres tout en respectant leur diversité culturelle et linguistique, et en laissant le contenu de l’enseignement et l’organisation du système éducatif sous l’entière responsabilité des États.

L’enseignement professionnel et l’enseignement supérieur font l’objet de processus spécifiques. Initié en 1998 par quatre pays européens (France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni) le processus de Bologne s’est développé en 1999 dans la ville italienne autour de 29 pays signataires qui sont aujourd’hui 48. Il vise à créer un espace européen de l’enseignement supérieur. Il s’appuie sur le système LMD (Licence/ Master/ Doctorat), mais aussi sur les crédits ECTS mis en place dans le cadre d’Erasmus.

En 2009, quatre objectifs communs au niveau de l’UE ont été établis pour relever les défis des systèmes d’éducation et de formation d’ici à 2020. Depuis l’adoption d’Europe 2020, la stratégie globale de l’Union qui met l’accent sur la croissance et l’emploi, les pays européens sont engagés dans un cadre commun de coopération dans le champ de l’éducation et de la formation. Les principaux objectifs concernent la réduction du taux de décrochage scolaire à moins de 10% et la progression du taux de diplômés de l’enseignement supérieur à au moins 40% des 30-34 ans.

En parallèle, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne proclamée la même année prévoit que « toute personne a droit à l’éducation ainsi qu’à l’accès à la formation professionnelle et continue« . Programme phare de mobilité de l’UE, le programme Erasmus+ soutient les efforts des États membres dans le domaine de l’éducation à travers ses nombreux dispositifs. Le Socle européen des droits sociaux (2017) prévoit également que « toute personne a droit à une éducation inclusive et de qualité, à la formation et à l’apprentissage tout au long de la vie afin de maintenir et d’acquérir des compétences qui lui permettent de participer pleinement à la vie en société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail« .

Le travail de l’Union européenne autour de la politique de l’éducation et de la formation s’articule autour de rencontres régulières (conseils européens des ministres de l’Education, comités de l’éducation, réunions de haut-niveau des directeurs généraux de l’enseignement scolaire). Il s’appuie sur les réseaux mis en place par la Commission européenne (EQAVET sur l’assurance-qualité dans l’enseignement professionnel, ECVET sur les crédits d’apprentissage pour l’enseignement et la formation professionnels ou encore Euroguidance des centres nationaux de ressources pour l’orientation et la mobilité).

L’Europe dans le classement mondial

Chaque année, l’université chinoise Jiao Tong publie le classement mondial de Shanghai des 500 meilleures universités dans le monde. En 2018, les universités américaines continuent d’occuper le top 20 des meilleures universités avec une quinzaine d’universités présentes.

Côté européen, seules les universités britanniques arrivent à s’immiscer parmi les 18 premières du classement. L’université britannique de Cambridge occupe la troisième place suivie par Oxford (7e) et l’University College de Londres (17e). 20 universités françaises sont présentes, avec l’université de la Sorbonne en tête (36e du classement) suivie de l’Université Paris-Sud (42e) et de l’ENS Paris (64). Ce classement est établi selon des critères tels que le nombre de professeurs et d’ancien élèves ayant reçu un prix Nobel que certains considèrent discutables.

En 2014, à l’initiative de la Commission européenne, l’Europe s’est dotée de son propre classement. Financé par l’UE à hauteur de 2 millions d’euros. Le U-Multirank est basé sur des critères différents de ceux de Shanghai (la recherche, l’enseignement et l’apprentissage, le transfert de connaissances l’orientation internationale et l’engagement régional). Chaque utilisateur peut comparer les établissements selon ses priorités. Dans l’édition de 2018, une soixantaine d’universités et grandes écoles françaises figurent parmi les 1 500 établissements recensés. Selon ce classement, le niveau des universités françaises est comparable à celui des universités britanniques.

Débats et perspectives

En 2016, la Commission européenne a présenté une nouvelle stratégie en matière de compétences pour l’Europe. Pour mieux anticiper les besoins du marché du travail, la Commission propose dix actions. Parmi les initiatives figure la mise à jour, acceptée par les Etats membres en avril 2018, d’Europass, qui relève du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (CEDEFOP). Ce cadre, qui permet d’améliorer la transparence des compétences et des certifications dans l’UE, a ainsi été modernisé : mise à disposition d’informations sur les possibilités d’apprentissage en Europe, d’outils d’auto-évaluation et amélioration de l’outil de création de CV.

Europass : le passeport pour étudier, se former et travailler en Europe

D’autres actions sont en cours de discussion ou de mise en œuvre dans le cadre de la Stratégie européenne pour les compétences : un plan pour renforcer les compétences minimales des adultes très peu qualifiés, un cadre européen de certification permettant de faire reconnaître ses compétences à l’étranger, etc.

Chaque année, les États membres publient un rapport de suivi des politiques éducatives menées au niveau national. Dans le cadre du processus de Bologne, la France a accueilli en mai 2018 la conférence des ministres de l’Éducation des 48 pays membres. Ces derniers ont renouvelé à cette occasion leur volonté de collaborer.



https://www.touteleurope.eu/actualite/l-education-et-la-formation-dans-l-union-europeenne.html