Extrait de l’article « le 3ème acte de l’Histoire Européenne » – by l’Institut Delors

L’Europe fait face à une période que les historiens décriront comme le « tournant ». Au terme de cette phase décisive, rien ne sera plus comme avant, tant pour nos pays que pour notre destin commun. L’Union européenne est épuisée, non pas par une guerre à proprement parler, mais par des événements exogènes, dont la portée est comparable à celle des dommages engendrés par un conflit.

Cinq événements majeurs sont à venir en 2019 : le Brexit, les élections européennes, le renouvellement concomitant de toutes les fonctions décisionnelles à la tête des différentes institutions européennes y compris à la Commission et le rapport possiblement modifié entre l’Allemagne et les autres États membres.

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Zoom sur le rapport entre l’Allemagne et le reste des États membres

La suprématie de l’Allemagne, constatée de facto, mais n’ayant jamais été formalisée par une nomination politique de poids, a été comparée à une sorte d’« hégémonie réticente » par Berlin. Dans la pratique, l’Allemagne a joué un rôle de premier plan, mais s’est toujours bien gardée d’exercer ce rôle de manière formelle. Par exemple, l’Allemagne, malgré quelques tensions, a toujours pris en compte le duo franco-allemand. Mais cette fois, la situation est différente : Berlin aspire ouvertement à une primauté directe, sans intermédiation. L’impact politique en ce qui concerne la description des rapports de force entre les États membres – de cette évolution est difficilement palpable. Inutile de le nier : le danger réside dans le fait que cette hégémonie est susceptible d’influencer fortement les équilibres précaires entre les États membres, mais également entre ces derniers et les institutions communautaires.

Toutefois, avec le traité d’Aix-la-Chapelle du 22 janvier 2019, on peut envisager une évolution dans les relations franco-allemandes. En effet, le nouveau traité marque une prise de conscience commune de la nouvelle donne géopolitique mondiale. La conclusion étant l’urgente nécessité de la formation d’un noyau européen, franco-allemand, auquel pourraient s’agréger, par la suite, d’autres partenaires européens.

Dans le domaine de la défense par exemple, le Traité fixe comme ambition première des deux Etats le renforcement de « la capacité autonome de l’Europe ». Cette affirmation est à mettre en parallèle avec le fait que les Etats-Unis ont commencé à réévaluer leur position dans le système géostratégique global. Dès lors, le nouveau contexte justifie que la France et l’Allemagne déclarent s’engager à se prêter « aide et assistance par tous les moyens dont ils disposent, y compris la force armée, en cas d’agression armée contre leurs territoires » (article 4-1). Et l’on peut penser que ce rapprochement pourrait se mettre en place de manière bilatérale. D’une part, avec le rapprochement des visions géostratégiques des deux pays, principalement au profit de l’Allemagne, parce qu’elle ressentira de plus en plus clairement l’éloignement de son allié américain. D’autre part, avec la rénovation technologique et la mise à niveau de l’appareil de défense de la France face à la nouvelle course aux armements, qui serait difficile à supporter sans la participation financière de l’Allemagne, et par conséquent son partage avec elle.

NB En pièce jointe le Traité de l’Elysée 2019