[Le Récap’ des européennes] En Allemagne, la CDU répond à Emmanuel Macron

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Actualité


14.03.2019

Marie Guitton

Dans la campagne cette semaine : Annegret Kramp-Karrenbauer, la cheffe de file de la CDU allemande, publie une tribune en réponse à celle du président français, publiée la semaine dernière. Laurent Wauquiez (LR) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) se prêtent aussi à l’exercice, tandis qu’en arrière-plan, les partis politiques affinent leurs stratégies avant les premiers débats télévisés sur l’UE. Ailleurs en Europe, alors que les indépendantistes catalans s’invitent dans la campagne, la Pologne va de surprise en surprise…

Annegret Kramp-Karrenbauer a répondu à Emmanuel Macron - Crédits : Olaf Kosinsky / Wikipedia

Annegret Kramp-Karrenbauer a répondu à Emmanuel Macron – Crédits : Olaf Kosinsky / Wikipedia

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CDU, Républicains, LFI… à chacun sa tribune en réponse à Emmanuel Macron

Une Europe « qui protège« . Voilà ce que souhaite le président français, qui l’a fait savoir dans une tribune publiée dans plusieurs langues le 5 mars, et qui a été saluée par l’espagnol Pedro Sanchez, le finlandais Juha Sipilä, ou encore plusieurs leaders du parti social-démocrate allemand (SPD). Une Europe « plus forte« . C’est aussi le point de vue de l’Allemande Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a succédé l’an passé à Angela Merkel à la tête de son parti, la CDU (Union chrétienne-démocrate). Mais le 9 mars, dans une tribune publiée en français et reprise par plusieurs médias, la cheffe du premier parti d’Allemagne a aussi souhaité nuancer la vision du chef de l’Etat français, qui a régulièrement opposé le camp des « progressistes » à celui des « nationalistes« .

« Lors des prochaines élections au Parlement européen, il ne peut pas s’agir de défendre le statu quo imparfait contre les invectives des populistes« , souligne notamment Annegret Kramp-Karrenbauer, dite « AKK« . Pour elle, « la plupart des Européens » ne se posent même pas la question du « pour ou contre l’Europe« . « Au lieu de cela, il nous faut débattre de différents projets sur la manière de rendre l’UE capable d’agir demain sur les grandes questions qui nous agitent, dans un contexte mondial en évolution« , prévient-elle en mettant en garde contre tout « centralisme » européen. « Nous devons nous atteler à la tâche maintenant, avec confiance, et ne pas laisser la crainte permanente des ‘populistes‘ entamer notre détermination« , ajoute-t-elle.

Sur le fond, la présidente de la CDU partage certains des points de vue d’Emmanuel Macron, notamment sur la réforme des systèmes Schengen et d’asile. Mais d’autres déclarations d’AKK, également soutenues par la chancelière Angela Merkel, font grincer quelques dents du côté français. Elle propose ainsi de regrouper le Parlement européen à Bruxelles, au détriment de Strasbourg. Elle refuse la mutualisation des dettes et un salaire minimum européen, des pistes évoquées par le président français. Et elle avance l’idée de créer un siège permanent de l’UE au Conseil de sécurité de l’ONU, sans toutefois préciser ce que cela impliquerait pour le siège tricolore.

« Ça commence mal si elle arrive en disant ‘je suis Madame Nein’, ce n’est pas ça l’amitié franco-allemande« , a réagi cette semaine Richard Ferrand, le chef de file de La République en marche (LaREM) à l’Assemblée nationale. Dans la foulée, Nathalie Loiseau, la ministre des Affaires européennes pressentie pour mener la liste LaREM aux européennes, a profité d’une question des Républicains (LR) pour contre-attaquer les positions de la CDU, qui siège au Parlement européen aux côtés du parti de Laurent Wauquiez : « La CDU, quelle surprise, votre alliée en Europe, a choisi le camp de la conservation« , a-t-elle lâché en listant les déclarations d’AKK : « C’est votre alliée, nous ne sommes pas d’accord« .

Dans Le Monde, où il a fait paraître sa propre tribune, Laurent Wauquiez déplore, à l’instar d’Annegret Kramp-Karrenbauer, la volonté d’Emmanuel Macron « d’enfermer le débat dans un choix binaire« . Sur le fond, alors que LR n’a pas encore dévoilé son programme, son président s’oppose à la « déconstruction de l’UE » prônée par l’extrême droite, mais prévient qu' »il faut changer de façon radicale notre approche« . Ni plus, ni moins d’Europe : les Français veulent « la changer« , prévient-il. Le chef des Républicains « exclut » donc tout nouvel élargissement et propose que « la Commission perde des compétences normatives mais soit directement pilote de grands projets d’infrastructures, tels que le Lyon-Turin ou la couverture du continent européen en 5G« . Contre une « immigration de masse« , il se dit par ailleurs favorable à une « double protection » aux frontières de l’UE et nationales.

« Sortez des traités, stupides !« , a pour sa part lancé Jean-Luc Mélenchon dans une tribune publiée dans Libération. Rompu à l’exercice, le président du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale y rappelle les grandes lignes de son clan pour les européennes : plus d’écologie, l’éradication de la pauvreté sur le continent, ou encore la lutte contre l’évasion fiscale. Mais l’ancien candidat à la présidentielle conditionne sans détours la réalisation de ce programme à une « sortie » de la France « des traités qui organisent l’UE« . Une approche qui, selon Le Monde, peut paraître « contradictoire » par rapport à la stratégie « plan A / plan B » présentée par LFI durant la campagne présidentielle, et qui consiste à tenter de changer l’Union européenne avant d’envisager d’en sortir.

Dans l’ombre, les partis politiques affinent leur stratégie

Dans l’ombre de ces déclarations fracassantes, plusieurs formations politiques françaises avancent toujours masquées. Certains programmes officiels ne sont en effet toujours pas finalisés.

LFI clarifiera-t-elle sa stratégie ce jeudi 14 mars, à l’occasion d’un premier meeting conjoint de Manon Aubry, sa tête de liste, et Jean-Luc Mélenchon, son père spirituel ?

Les Centristes d’Hervé Morin ont, de leur côté, confirmé le 13 mars leur rattachement à la liste LR, dont les 26 premiers candidats ont été révélé la semaine dernière, avec deux places réservées pour la formation de l’ancien ministre de la Défense.

Le Parti Socialiste, lui, pourrait enfin annoncer sa liste et son chef de file lors d’un conseil national ce samedi 16 mars. Après les refus de plusieurs « éléphants » du parti de mener la liste et se lancer dans la course (Ségolène Royal, Christiane Taubira, Bernard Cazeneuve ou encore Pierre Moscovici), c’est Olivier Faure, son président, qui devrait se jeter à reculons dans la campagne des européennes.

Même brouillard à LaREM, où ni la liste, ni sa tête, ne sont encore connus. Dès lors, selon les Echos, le Rassemblement national (RN) de Marine le Pen « écumerait les villages » en attendant de connaître son principal adversaire. Alors que le député Cédric Villani balaie toute rumeur sur sa candidature, le nom de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn semble lui aussi être écarté. C’est donc celui de Nathalie Loiseau, qui circule depuis plusieurs semaines, qui pourrait être confirmé à la fin du mois si son parti estime que la ministre des Affaires européennes est parvenue à s’imposer, le 14 mars au soir, lors du débat face à la présidente du RN (qualifié de « test médiatique« ).

Pour l’heure, la commission d’investiture débattrait de l’ouverture symbolique (en position non éligible) de la liste à des ressortissants étrangers, comme Sandro Gozi, l’ancien ministre italien des Affaires européennes. Un « premier pas » vers l’émergence de listes transnationales, voulue par Emmanuel Macron mais écartée par le Parlement européen en février 2018.

Enfin, eux sont bien déclarés, mais semblent ne pas compter… Ian Brossat, qui conduit le Parti communiste pour les européennes, a déploré cette semaine de ne pas être invité à la soirée « spéciale élections européennes », diffusée sur France 2 le 4 avril. Alors que celle-ci est partout présentée comme « le premier grand débat » des têtes de listes, l’adjoint à la mairie de Paris dénonce, dans un courrier à France Télévisions, une « anomalie démocratique« . L’UDI, mais également plusieurs personnalités d’autres partis politiques (dont LR et le PS) lui apportent leur soutien.

Le débat prévu le 19 mars sur BFMTV ne fait pas mieux puisqu’il prévoit de rassembler seulement six chefs de partis : LaREM, RN, MoDem, PS, LFI et LR, provoquant la colère au PCF et à l’UDI. Coutumier du fait, François Asselineau, le président de l’UPR, va jusqu’à dénoncer « une politique de censure absolue« .

Le financement des groupes politiques européens en question

Au niveau du Parlement européen, c’est le groupe parlementaire libéral ADLE qui a, de son côté, été bousculé par la campagne française.

L’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe aurait reçu de l’argent de l’entreprise allemande Bayer. Celle-là même qui a racheté Monsanto en 2018, ce vendeur de glyphosate si vertement critiqué par de nombreux Européens. Marine Le Pen, la cheffe du Rassemblement national, n’a pas manqué de s’en saisir pour critiquer La République en marche, supposée rejoindre l’ADLE à l’issue des élections du 26 mai prochain.

Alors que le RN (21 % des intentions de vote) talonne toujours LaREM (22 % des intentions de vote) dans les derniers sondages, le parti centriste a donc lui-même mis en garde son éventuel futur partenaire. Son directeur de campagne, Stéphane Séjourné, a annoncé qu' »aucun de nos députés européens ne siègera dans un groupe politique qui tolère de tels financements« , et que ces derniers feront « tout pour que la législation soit modifiée pour l’ensemble des formations politiques européennes« .

Confirmant avoir reçu de tels fonds – « très minimes, de la façon la plus transparente et en accord total avec les règles européennes » – l’ADLE a finalement annoncé mardi 12 mars qu’elle y renoncerait à l’avenir. « Pour mettre fin à toute confusion, le bureau du parti a décidé aujourd’hui de mettre fin à tout sponsoring d’entreprises« , écrit son président, Hans van Baalen. De quoi s’assurer la vingtaine de sièges de LaREM ?

Alors que le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici prévoit une « percée populiste » aux élections européennes du 26 mai, Les Républicains et Europe écologie – Les Verts (EELV) reprennent progressivement des couleurs en France, selon deux sondages publiés ces derniers jours, qui les créditent désormais respectivement de 14 % et 8,5 % des voix. 

 

Pologne, Royaume-Uni, Espagne… Les européennes chez nos voisins

Mais dans tout ça, que se passe-t-il chez nos voisins ? Alors qu’en cas de report du Brexit, le scénario d’une participation du Royaume-Uni aux élections européennes n’est plus exclu, c’est au tour des indépendantistes catalans de s’inviter dans la campagne des européennes… Cette fois, ce n’est pas à l’UE mais bien à l’Espagne qu’est demandé le divorce. Carles Puigdemont, à l’origine d’une vaine tentative de sécession de la Catalogne fin 2017, a été désigné à la tête d’une liste séparatiste catalane pour les européennes du 26 mai : le « meilleur moyen » de porter cette revendication et de « l’internationaliser« , selon Elsa Artadi, députée du parti indépendantiste Junts per Catalunya (JxCat) au parlement régional catalan.

En Pologne, c’est une toute autre candidature inattendue qui prend ampleur. Celle de Robert Biedron, un « ancien député et maire, homosexuel déclaré, athée assumé, défenseur des droits des femmes et des minorités sexuelles…« , dont le parti Wiosna créé il y a un mois se place désormais en troisième position dans les sondages ! Très à droite, deux autres nouvelles formations (le Mouvement Pologne Fair Play et Europe Véritable), ambitionnent quant à elles de déstabiliser le parti Droit et justice (PiS) au pouvoir… sans parvenir à l’ébranler pour l’instant, la menace venant d’ailleurs. Pour la première fois, un sondage donne en effet victorieuse la « Coalition européenne » KE créée fin février autour du principal parti d’opposition, la Plateforme civique (PO, centre), ralliée par le Parti paysan traditionnel (PSL), les libéraux de Nowoczesna, les sociaux-démocrates du SLD et les Verts. « La Coalition est créditée de 35% des intentions de vote, devant les conservateurs de Droit et justice (PiS) qui bénéficient du soutien de 33% des électeurs, selon l’institut Kantar Millward Brown« , cité par Le Figaro.

 

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