Le Parlement européen veut muscler la lutte contre le terrorisme

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Confinés pendant la fusillade de Strasbourg, les eurodéputés ont adopté le lendemain un rapport sur la lutte contre le terrorisme en Europe, qui met l’accent sur l’urgence d’une meilleure coopération.

Triste coïncidence de calendrier, les eurodéputés ont voté le rapport de la commission spéciale sur le terrorisme le 12 décembre, au lendemain d’une fusillade à Strasbourg qui a fait au moins trois morts.

Présidée par la Française Nathalie Griesbeck (ALDE), la commission spéciale a été mise en place en septembre 2017 pour plancher sur les failles de l’Europe en matière de lutte contre le terrorisme.

« Mes pensées et mon soutien vont à toutes les victimes de  cette attaque lâche et ignoble ainsi qu’à l’ensemble de leur famille et de leurs proches et à toutes les personnes qui ont été indirectement affectées. Face à la menace, restons unis, solidaires et résilients », a déclaré la députée européenne après le vote.

Le texte non contraignant voté par les élus européens passe en revue de très nombreux thèmes liés à la l’antiterrorisme au niveau européen : le partage d’informations judiciaires, l’interopérabilité des bases de données européennes de partage d’informations, l’efficacité des programmes de déradicalisation, mais aussi les conséquences  sur les droits fondamentaux et le soutien aux victimes.

« Ce rapport est un bon panorama. Mais il est aussi un peu fourre-tout et synthétise beaucoup de choses qui sont déjà en cours au niveau européen », explique l’eurodéputé Arnaud Danjean. Le texte a été adopté à une large majorité (474 voix pour, 112 contre et 75 abstentions), mais certaines dispositions comme la mise en place d’une commission permanente sur le terrorisme n’ont pas été adoptées.

« Ce rapport permet de voir les domaines problématiques en matière de lutte contre le terrorisme », a affirmé la rapporteure Monika Hohlmeier lors du débat qui s’est déroulé le 11 décembre, quelques heures avant l’attaque dans le centre-ville de Strasbourg.

Si un certain nombre de dispositions sont déjà à l’étude ou en cours de mise en oeuvre en Europe, les députés ont demandé de nouvelles dispositions telle que la création d’une liste européenne sur les imams radicaux. Certains États disposent déjà d’une liste en la matière mais les informations seraient insuffisamment échangées entre partenaires de l’UE, ce qui permettrait à certaines personnes prônant un discours radical de circuler en toute impunité dans l’espace Schengen.

Amalgame

Si le rapport a été soutenu à une large majorité, certains amalgames dans les liens entre la question de l’immigration et celle du terrorisme ont poussé des eurodéputés à voter contre ou s’abstenir. « Il y a un certain nombre d’amalgames qui sont faits entre l’origine étrangère  et le terrorisme que nous ne soutenons pas », a détaillé la vice-présidente socialiste du Parlement européen, Sylvie Guillaume.

De fait, le rapport souligne par exemple « que les auteurs d’attentats terroristes dans l’Union européenne sont la plupart du temps des ressortissants européens, souvent des migrants de deuxième ou de troisième génération ».

« Il ne faut pas faire l’amalgame entre le défi de l’immigration d’un côté et la lutte contre le terrorisme de l’autre », a également prévenu le commissaire européen à la sécurité de l’union, Julian King.

Le rapport insiste globalement sur la nécessité d’un meilleur contrôle aux frontières, pour prévenir la circulation des terroristes, là aussi la mention de l’immigration revient de manière concomitante à la question du terrorisme. Le rapport souligne « que le flux de migrants en situation irrégulière et de réfugiés constitue un problème pour leur intégration dans les sociétés européennes et nécessite des investissements accrus et spécifiques en faveur de l’inclusion sociale et culturelle ».

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