Fin de partie pour les vieux partis ?


L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de 2017 ? Un « tsunami politique » qui a mis cul par-dessus tête les deux grands partis de gouvernement, habitués à se partager le pouvoir.  Un article de notre partenaire, Ouest-France.

Sous le choc, les Républicains, persuadés que cette élection, « immanquable », était la leur. Corrigés, les socialistes, avec 6,35 % des suffrages exprimés. Après la claque, doublée par la composition d’un premier gouvernement alliant ministres de gauche et de droite, puis l’écrasante victoire d’En Marche aux législatives, le « vieux monde » politique est resté sonné. Mais déterminé à se relancer. En excluant au besoin pour « clarifier » ses positions. En tuant le père, chacun à sa manière. En demandant un peu d’indulgence et de temps « pour se reconstruire ».

Deux ans plus tard, premier retour aux urnes. Quand l’avenir de l’Europe se jouera le 26 mai, certains rêvent de revanche nationale. La popularité du nouveau président de la République, au pinacle à ses débuts, a dégringolé de manière spectaculaire courant 2018, de petites phrases en démissions, jusqu’à la crise des gilets jaunes.

L’alignement des astres a l’air parfait pour les oppositions. En octobre, l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, persuadé que son tour était venu de « marquer le point », proposait de faire des Européennes un « référendum anti-Macron massif »Les socialistes croyaient à nouveau à leur étoile. Les Républicains se voyaient reprendre la main.

Sauf que, sauf que… Plus le scrutin approche, plus les sondages d’opinion radotent. Tous disent que l’élection européenne se jouera, comme la présidentielle de 2017, entre La République en marche et le Rassemblement national, les deux seules formations promises à dépasser la barre des 20 %. Avec ou sans listes gilets jaunes.

Françoix-Xavier Bellamy, une tête de liste décalée pour LR

Le professeur de philosophie versaillais ne croit pas à la démocratie européenne mais veut faire avancer l’idée européenne en travaillant sur la culture et l’éducation. Il estime que les racines de l’Europe sont chrétiennes, mais pas seulement.

De vieux appareils toujours en panne

La stratégie déployée par Laurent Wauquiez à la tête des Républicains ne paye pas. Elle n’a pas convaincu les électeurs du Rassemblement national de le rejoindre, mais déboussolé une bonne partie des siens, qui se tournera vers La République en marche pour les Européennes. Le sondage Ipsos-Game Changers publié lundi par Le Monde ne crédite la liste LR que de 12 % des intentions de vote.

Les excès de Jean-Luc Mélenchon, qui a fait les yeux doux jusqu’à l’absurde au gilet jaune Éric Drouet, ont tiré une balle dans le pied des Insoumis. La liste FI n’obtiendrait que 8 à 8,5 %. Et l’incapacité de la gauche, fracassée, à refaire front commun, fera le reste.

Convaincus qu’ils ont plus de chance de tirer leur épingle du jeu sans leurs alliés de 2017, les Verts, conduits par Yannick Jadot, feront cavalier seul. Promise au même score que La France insoumise, la liste EELV devrait faire la nique à celles du PS et de Génération-s, créditées chacune de 5 % des intentions de vote… Le seuil à franchir pour envoyer des députés à Strasbourg.

Ces élections devaient jeter les bases d’une « recomposition ». À moins d’un ultime sursaut, elles risquent fort de confirmer la décomposition des grands partis traditionnels, et leur relégation définitive. Une nouvelle fessée électorale, fruit du désintérêt croissant d’une partie des Français pour toute forme de politique, pourrait même achever l’une ou l’autre de ces vénérables maisons, en précipitant son implosion. Et donner ainsi corps à la polarisation de notre paysage politique prophétisée par Emmanuel Macron…

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