PROLONGER ERASMUS : UN NOUVEL ÉLAN POUR LA MOBILITÉ DES JEUNES EN EUROPE

Adopté le 15 juin 1987 sur proposition de la Commission européenne présidée par Jacques Delors, le programme «Erasmus » est devenu depuis l’une des « marques » les plus emblématiques de l’UE, un héritage qu’il s’agit de faire fructifier.

1. 3244 pionniers ont bénéficié d’une bourse Erasmus en 1997-1998 ; aujourd’hui presque 300 000 jeunes universitaires en profitent chaque année.

Cette progression spectaculaire a été possible grâce à une importante augmentation du budget Erasmus qui est passé de 13 millions d’euros en 1988 (soit 0,03% du budget européen) à 600 millions d’euros en 2014 (plus de 0,4% du budget de l’UE). Erasmus s’est considérablement élargi depuis 1987 (dimension mondiale, offres de stages, volet entrepreneurs, cours intensifs de langues, mobilité des personnels enseignants et non enseignants, entre autres) et a ouvert la voie à la création d’autres programmes de mobilité destinés aux lycéens/collégiens, aux candidats en formation professionnelle, aux bénévoles etc. La Commission a rassemblé en 2014 l’ensemble des programmes européens de mobilité au sein d’un nouveau « Erasmus+ » dont le budget en 2014 représentait environ 1,4% du budget de l’UE.

2. Erasmus doit aussi être perçu et promu comme la composante d’un mouvement d’européanisation plus large des cursus académiques, qui se traduit par le développement des formations suivies intégralement dans un autre pays de l’UE plutôt qu’en « échange ».

Actuellement, 10% des diplômés européens réalisent une partie de leur formation dans un autre État membre. Chaque année, prêt de 650 OOO universitaires sont en mobilité, dont un peu moins de la moitié sont des étudiants Erasmus.

3. Des efforts supplémentaires sont nécessaires, car les États membres se sont donné pour objectif que 20 % des diplômés de l’enseignement supérieur effectuent une partie de leurs études à l’étranger à l’horizon 2020.

Il faut avant tout continuer à augmenter le budget Erasmus pour octroyer plus de bourses (en 2014-2015, 30% des projets Erasmus concernant l’enseignement supérieur ont été refusés) et déployer le système de garantie des prêts pour les étudiants qui souhaitent réaliser leur Master à l’étranger. Les États membres ont aussi un rôle important à jouer en complétant les financements européens à la mobilité et en garantissant l’« européanisation » de leurs bourses d’études nationales.

4. Il est également nécessaire de promouvoir des améliorations qualitatives, notamment en termes de public cible.

Seulement 1% des apprentis européens (pour un objectif de 6% en 2020) réalisent un séjour à l’étranger au cours de leur formation. La Commission doit lancer en 2017 un nouveau programme de mobilité longue – 6 à 12 mois – des apprentis. Cette initiative va dans la bonne direction mais la Commission doit également aider les jeunes qui souhaitent réaliser l’ensemble de leur formation dans un autre État membre, car l’offre d’apprentissage est aujourd’hui très inégale à travers l’UE. L’Institut Jacques Delors a proposé en 2015 le lancement d’un programme « Erasmus Pro ». Cette possibilité valoriserait l’image de l’apprentissage au sein de l’UE – soutenant ainsi les réformes nationales visant à développer ce type d’enseignement – et contribuerait à la réduction du chômage des jeunes en offrant de nouvelles possibilités de qualifications aux jeunes.

5. Encourager la mobilité des jeunes en Europe doit passer par un soutien accru à des expériences s’inscrivant hors du système éducatif formel, qui peuvent être davantage attractives pour leurs bénéficiaires potentiels, y compris parce qu’elles sont moins « engageantes » qu’un séjour d’étude dans un autre pays de l’UE.

Cela inclut de nombreuses initiatives existantes, notamment dans le domaine de la jeunesse et du sport. Alors que la Commission vient de créer un « Corps européen de volontaires », si l’objectif de rassembler 100 000 volontaires d’ici la fin de l’année 2018 est atteint, il conviendrait de renforcer le soutien financier à une telle initiative afin qu’elle offre à tous les jeunes qui le souhaitent une expérience gratifiante de la mobilité. L’offre de séjours linguistiques doit aussi être développée, ainsi que les mobilités de loisirs (qui contribuent à la découverte d’autres pays, langues, culture et traditions européennes) dont la récente initiative « Move2Learn, Learn2Move » est une bonne illustration.