En Belgique, Macron plaide pour une « Europe à deux ou trois vitesses »


Le Président français a placé l’Europe au centre de son propos durant sa visite d’Etat en Belgique, refusant d’évoquer les autres sujets dont les « gilets jaunes » ou sa cote de popularité.

C’est à Berlin qu’Emmanuel Macron a débuté son petit tour d’Europe, avec un discours devant le Bundestag le dimanche 18 novembre durant un événement honorant les victimes de guerre. Le président français y a appelé à une plus grande unité, et à restaurer la confiance dans l’UE,  pour relever les défis futurs.

Dans une démonstration d’amitié franco-allemande, il a déclaré que l’Europe devait devenir plus robuste et plus souveraine et que l’Allemagne et la France avaient l’obligation de ne pas laisser le monde tomber dans le chaos et de le guider sur la route de la paix.

Un discours centré sur l’Europe qui a aussi été au cœur de sa visite de deux jours en Belgique cette semaine. Le 20 novembre, à 40 kilomètres de Bruxelles, le président français a tenu un dialogue sur l’Europe avec le Premier ministre belge Charles Michel à l’Université Catholique de Louvain.

À l’approche des élections européennes de mai prochain, Emmanuel Macron a appelé les forces pro-européennes à se rallier et à prendre des actions concrètes pour se défendre face à l’essor des partis nationalistes anti-immigration dans plusieurs États membres de l’UE.

« L’Europe est en train de se diviser, entre d’une part ceux qui croient en des solutions européennes et de l’autre ceux qui ne croient plus que c’est fondamental », a-t-il déclaré aux près de 1 000 étudiants présent dans la salle.

Emmanuel Macron n’a pas souhaité cadrer le débat entre des forces « populistes » et « progressistes » comme il l’a fait pas le passé. Il a préféré cette fois parler des « nationalistes et des démagogues ».

Critiquant fortement ceux qui se servent de Bruxelles comme « bouc-émissaire », le président français a souligné que tous les dirigeants pro-européens devraient être capables de souligner les effets positifs de l’UE au lieu de s’en attribuer les crédits.

L’UE n’est pas « Bruxelles », a-t-il souligné, « nous sommes l’UE ».

Selon lui, les gens semblent avoir oublié que Marine Le Pen a remporté les élections européennes en France en 2014 et que son parti Rassemblement national est en tête dans la course aux élections. « Moi, je n’ai pas oublié, le premier parti européen en France, c’est le Front national, c’est lui le sortant. Qu’est-ce qu’il a fait ? Il a amélioré l’Europe ? Je ne l’ai pas vu. »

Europe à deux ou trois vitesses

À Louvain-la-Neuve, il a plaidé pour une « Europe à deux ou trois vitesses », pour permettre aux meneurs d’avancer dans l’intégration européenne dans l’espoir que les autres suivent.

« La grande erreur que nous avons faites ces cinq ou dix dernières années est que nous avons toujours voulu tout décider à 28, peut-être demain à 27 après le Brexit. Ce n’est pas vrai, ça n’a jamais marché de la sorte », a-t-il martelé.

Pour illustrer son propos, le président a fait référence à l’espace Schengen de libre circulation et à la zone euro, ainsi qu’à la coopération renforcée en matière de défense, auxquels différents pays de l’UE participent.

Il a aussi suggéré que les décisions ne devraient plus nécessiter l’accord de tous les États membres : « je suis favorable à un changement de traités, nous avons atteint un point où cela doit être fait. Nous ne devons pas avoir peur, mais nous devrions aussi garder en tête que quiconque s’oppose ne peut plus bloquer les autres. »

Défense commune

Evoquant les efforts à mettre en place pour une défense européenne commune, le président français a déclaré : « nous avons accompli davantage en un an et demi que ce qui a été fait depuis les années 1950 ».

Il ne pourrait pas y avoir l’idée d’une Europe unie si dans un coin de l’Europe nous disons « nous ne pouvons pas vous protéger, demandez à quelqu’un d’autre », a-t-il plaidé.

« Nous avons aussi besoin d’une politique étrangère commune », a confirmé le Premier ministre belge, Charles Michel.

Lors du seul véritable échange entre les deux chefs d’État, Charles Michel a défendu la décision de la Belgique d’acheter l’avion de combat américain F-35S plutôt que l’alternative européenne. Une décision qui a provoqué un certain ressentiment dans le camp français.

« La France n’a pas fait d’offres », a rappelé Charles Michel, en réponse à la critique française.

Les enjeux nationaux ont vite rattrapé Emmanuel Macron, la politique française dominant les questions du public durant le débat, brièvement interrompu par un détracteur, accusant le président d’être à la botte du lobby du pétrole.

Armée européenne : un tabou est levé

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont tous deux évoqués autour du 11 novembre l’idée d’une vraie armée européenne. Cette convergence inédite de la pensée et du verbe franco-allemands, qui a suscité l’ire américaine, marque un tournant.

 



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