Élections européennes : 4 dossiers que les eurodéputés devront traiter en priorité

Un article de Christian Menanteau publié par RTL


Que ce soit directement ou indirectement, les décisions du Parlement Européen nous affecteront dans tous les cas de figure. Voici 4 grands chapitres qui permettent de couvrir quasiment l’ensemble des dossiers à traiter.


En priorité le Budget. C’est décisif. Il va définir jusqu’en 2027 les choix de l’Union européenne (UE). On ne s’y intéresse pas, mais pourtant nous sommes tous concernés. Quelle part des 1.300 milliards d’euros du Budget pour le soutien à la croissance, c’est-à-dire au PA et à l’emploi ? Combien d’argent vers l’agriculture et la fameuse politique agricole commune (PAC), capitale pour les paysans français ? Jusqu’où financer l’innovation pour ne pas finir esclaves technologiques de Washington et de Pékin ? Tout passe par là, et nos élus ont le pouvoir de modifier tous les budgets.

Ensuite, l’Euro. C’est la colonne vertébrale de l’Europe, surtout depuis le Brexit. Mais il n’est encore qu’une monnaie d’usage, et non une devise de puissance. C’est pour cela que l’on continue de payer notre pétrole en dollars. 

Pour changer de statut, nos eurodéputés vont devoir réorganiser la gestion de notre monnaie en s’imposant face à la Banque centrale européenne, qui a certes sauvé nos systèmes financiers, mais a fragilisé les conditions de vie des classes moyennes et populaires partout sur le continent.

1. La fiscalité à réguler d’urgence

Cependant, pour que ces perspectives deviennent réalistes, il va falloir accélérer sur la fiscalité. Et à ce jour, c’est un échec. Il est incompréhensible que dans un ensemble économique où les marchandises et les richesses circulent librement, les régimes fiscaux se fassent concurrence pour appâter les investisseurs et les entreprises.

En matière de fiscalité et de lutte contre l’évasion, l’UE demeure un Far West où prospèrent des paradis comme le Luxembourg, l’Irlande ou les Pays Bas et où les GAFA et leurs lobbies font la loi.

2. Tirer parti des accords commerciaux

L’autre dossier que les futurs élus doivent trancher, concerne les accords commerciaux. Donald Trump ambitionne l’implosion de l’Europe pour imposer ses règles et le « made in USA » à tous les étages. Le gilet pare-balles concocté par Bruxelles est à la fois faible et opaque.

Nos eurodéputés devront prendre la mesure du laisser-faire des dernières années, resserrer les mailles du filet commercial et exiger des réciprocités. Au total, 450 millions de consommateurs ne sont pas tous fans des OGM, des médicaments mal dosés, des jouets dangereux ou de monopoles étrangers sur leurs données privées.

3. Redéfinir les frontières des lois américaines

Enfin, il faudra que Strasbourg se penche sérieusement sur l’extraterritorialité des lois américaines, celles qui interdisent à PSA de vendre des voitures en Chine, à Total d’explorer du gaz au Moyen-Orient, ou à nos banques de payer des amendes colossales parce qu’un juge de New York en a décidé ainsi.

4. L’Europe comme protection contre l’économie débridée

Si ces dossiers sont cruciaux, l’Europe peut encore redresser la barre. Financièrement, économiquement et technologiquement. Mais sur le terrain, les intérêts des 27 sont à géométrie variables et souvent divergents. 

C’était supportable lorsque la compétition économique internationale était régulée. Cela devient dangereux quand on bascule dans un monde où se sont les rapports de force qui dominent. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est lucide lorsqu’il dit que sans l’Europe, nous nous ferons dépecer. En clair, cette génération d’élus aura une responsabilité particulière.

Crédit Image : FREDERICK FLORIN / AFP | Crédit Média : RTL | Date : 13/05/2019