Candidate au portefeuille de l’énergie, l’Estonienne Kadri Simson reçue avec mention « passable » – EURACTIV.fr


Kadri Simson, l’ancienne ministre de l’Énergie estonienne, a obtenu l’aval du Parlement européen pour reprendre le poste de commissaire à l’énergie. Son audition a provoqué la fureur des Verts et laissé de nombreux eurodéputés sceptiques.

« Une réaction mitigée. » C’est ainsi que le parti populaire européen (PPE), le plus grand groupe politique du Parlement européen, a décrit son impression après l’audition de Kadri Simson, la candidate de l’UE au portefeuille de l’énergie, qui a eu lieu le 3 octobre.

Mais, tout bien considéré, « le groupe PPE considère que l’impression générale est acceptable, notamment parce que nous avons beaucoup de points communs avec elle sur la politique énergétique », a déclaré l’eurodéputé allemand Christian Ehler, porte-parole du PPE sur l’industrie, la recherche et l’énergie au Parlement européen.

Le soutien du PPE a été  été décisif pour la candidate. Durant son oral de trois heures, l’ancienne ministre de l’Énergie a maintes fois souligné son engagement en faveur des objectifs climatiques face aux questions pressantes des députés. En cause, la réticence de son pays à soutenir l’ambition de l’UE de réduire à zéro les émissions nettes de carbone d’ici à 2050.

Jüri Ratas, le Premier ministre estonien, a annoncé le ralliement de son pays à l’objectif de 2050 au beau milieu de l’audition, soulageant quelque peu la candidate. Celle-ci s’est dite satisfaite par ce changement de cap.

Ursula von der Leyen, la présidente élue de l’exécutif européen, veut que la lutte contre le changement climatique devienne la marque distinctive de sa Commission. Un objectif auquel Kadri Simson a dit adhérer pleinement.

Mais cela n’a pas suffi à vaincre le scepticisme de certains militants verts. Ils ont critiqué son soutien à des investissements destinés à financer des gazoducs et des terminaux qui risquent, selon eux, d’enliser l’Europe dans les énergies fossiles bien au-delà de 2050.

« Viser la neutralité carbone alors qu’on investit dans le gaz, c’est comme prétendre que l’on va arrêter de fumer en changeant de marque de cigarette », a déclaré Tara Connolly, responsable de la politique énergétique et climatique européenne à Greenpeace.

« Cela n’a aucun sens de prétendre que vous ferez ce qu’il faut pour combattre le bouleversement climatique, pendant que vous condamnez l’Europe à des décennies de dépendance aux énergies fossiles », a-t-elle ajouté.

Clémence Hutin, de l’ONG les Amis de la Terre, a qualifié la performance de Kadri Simson d’« effroyablement faible », estimant qu’elle s’était montrée « ambiguë concernant la nécessité de sortir rapidement des énergies fossiles, et n’avait aucune vision pour accélérer la transition vers une énergie verte et équitable ».

« Elle va devoir faire mieux que ça, et vite », a-t-elle poursuivi.

Les eurodéputés du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) se sont pour leur part montrés réservés. Ils ont déclaré qu’ils soutiendraient Kadri Simson mais qu’ils « s’assureraient qu’elle agisse efficacement » sur des questions comme le recours au fonds pour la transition énergétique afin d’aider les régions charbonnières à passer aux énergies propres, et les mesures pour lutter contre la précarité énergétique.

En fin de compte, c’est l’appel de Kadri Simson aux conservateurs de l’aile droite du Parlement qui semble lui avoir permis d’obtenir le feu vert des élus.

« Nous défendons le droit de chaque État membre de l’Union européenne à décider de son bouquet énergétique, un point important qui a reçu l’appui de Kadri Simson durant l’audition », a déclaré le PPE.



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