Acte 23 des gilets jaunes : vers un samedi historiquement violent ? Les prévisions

GILETS JAUNES – La dernière mobilisation s’était déroulée dans un calme relatif. Ce samedi, malgré le contexte et l’émotion liée à Notre-Dame, l’acte 23 des gilets jaunes pourrait être particulièrement violent, avec un regain d’activités de black blocs.

L’essentiel

  • L’acte 23 des gilets jaunes a lieu ce samedi 20 avril, que ce soit à Paris et en province. Samedi dernier, 31 000 manifestants avait défilé selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, dans un calme relatif. Pour ce 23e épisode de la mobilisation du mouvement contestataire, des appels à manifester ont été lancés et sont particulièrement populaires sur les réseaux sociaux, laissant envisager une mobilisation d’ampleur.
  • Ce samedi 20 avril, après Toulouse la semaine dernière, c’est de nouveau Paris qui sera le point de ralliement national des gilets jaunes. Les principales figures du mouvement ont fait savoir qu’elles seraient mobilisées, alors qu’une manifestation a été déclarée dans la capitale. Le cortège partira de la Porte Maillot pour rejoindre la Cité de la musique, dans le 19e arrondissement. Mais cet acte 23 pourrait également voir renaître les violences. C’est en tout cas ce que craignent les autorités, qui disposent d’informations peu rassurantes.
  • Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a affirmé que « les casseurs seront au rendez-vous » ce samedi à Paris. Le contexte de l’incendie de Notre-Dame aurait pu laisser présager une forme de retenue, il n’en sera a priori rien. « Pour beaucoup, les casseurs n’ont pas été touchés par ce qu’il s’est passé à Notre-Dame, au contraire », a ajouté le ministre de l’Intérieur lors d’un point presse ce vendredi. Des déclarations qui vont dans le sens des mesures du préfet de police de Paris, qui a décidé de renforcer le dispositif policier « de façon très significative », avec 60 000 agents des forces de l’ordre mobilisés.

Les infos en direct

20:59 – Des Black blocs à Nantes et à Paris 

Des Black blocs pourraient se joindre aux manifestations des gilets jaunes ce samedi 20 avril, notamment à Paris et à Nantes rapporte le Huffington Post. 915 participants ont ainsi dit qu’ils viendraient sur l’événement Facebook « Acte23 Samedi 20/04/2019 LA FRANCE EN NOIR ». Christophe Castaner, lui, s’est exprimé sur la loi anticasseurs qui sera appliquée pour l’acte 23 des gilets jaunes. « La loi anticasseurs n’est pas liberticide, ajoute-t-il. Les Black blocs sont liberticides. L’ordre, s’il est juste, est nécessaire”, a-t-il déclaré. La préfecture de Loire-Atlantique craint de son côté la présence d' »individus radicaux » à Nantes, le centre-ville est interdit de manifestation. 

20:32 – Un acte 23 et des grèves dans les supermarchés 

Avec l’acte 23 des gilets jaunes prévu demain samedi 20 avril d’autres actions sont à prévoir. Ainsi, des appels à la grève dans des supermarchés ont été lancés. Certains sont même déjà bloqués ce vendredi 19 avril, rapporte France 2. Près de Martigues (Bouches-du-Rhône), les clients n’ont pas pu aller faire leurs courses pour le week-end de Pâques. Les salariés dénoncent les suppressions de postes et les contrats précaires qu’ils subissent. En plus des employés, des gilets jaunes sont venus soutenir le mouvement de grève. 

19:58 – L’Ordre des médecins a saisi la Direction générale de la santé sur le fichage de gilets jaunes 

Après la révélation du fichage des patients gilets jaunes pris en charge dans des hôpitaux, l’Ordre des médecins s’est emparé du sujet. Il a saisi la Direction Générale de la Santé (DGS) le 15 avril dernier, dans un communiqué, car il craint une atteinte au secret médical, rapporte franceinfo. L’Ordre a par ailleurs saisi la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) « afin de recueillir son avis sur l’extension du système SIVIC, qu’elle avait autorité pour faire face à des situations sanitaires exceptionnelles, dans un contexte qui paraît être différent. » Le système SIVIC permet normalement d’identifier des victimes d’attentat. 

19:31 – Des gilets jaunes « non pacifiques » pour l’acte 23 ? 

Des appels à des manifestations « non pacifiques » pour l’acte 23 des gilets jaunes ont circulé sur les réseaux sociaux, rappelle franceinfo. La page de l’événement intitulé « Acte 23, Ultimatum 2. Appel National Et International Tous A Paris !!! », qui compte plus de 5 500 personnes intéressées, explique ainsi les intentions du rassemblement de samedi 20 avril : « Nous appelons tout nos citoyens à se rendre à Paris de manière non pacifique et jaune… » . Un autre événement, appelé « Acte 23 Ultimatum 2 : RDV A L’elysee ! », appelle, lui, à se rendre sur les Champs-Elysées, pourtant interdits de manifestation par la préfecture. 

18:59 – Les gilets jaunes rendront-ils hommage à Notre-Dame de Paris ?

Pour l’acte 23 des gilets jaunes qui aura lieu demain, une question se pose : y aura-t-il des hommages à Notre-Dame de Paris ? Les centaines de millions d’euros donnés, notamment par de grands patrons, ont été plus ou moins bien reçus, rappelle Le Parisien. Une des manifestations prévoit néanmoins de rendre hommage à la cathédrale pour « faire union avec l’émoi national ». Mais sur la page Facebook de l’événement des gilets jaunes le plus populaire, il ne semble pas y avoir d’hommage prévu. « Quant à Notre Dame, c’est bon les milliardaires ont su trouver 1 milliard €, mais 140 000 SDF, tout le monde s’en fout ! », est-il dénoncé.  Une opinion partagée par Jérôme Rodriguez qui a écrit sur sa page Facebook: « Les Gilets jaunes remercient tous les généreux milliardaires donateurs pour sauver Notre-Dame et leur proposent de faire la même chose avec les Misérables ». 

18:38 – Et si le mouvement des gilets jaunes ne s’arrêtait jamais ?

Dans son éditorial de ce vendredi, à la veille de l’acte 23, Jean-Michel Aphatie a estimé que le mouvement des gilets jaunes « ne finira jamais », le qualifiant de « mouvement politique perpétuel ». « Il n’y a pas d’organisation, pas de chef, pas de leader, les revendications ne sont pas hiérarchisées », déplore-t-il.

Pour @jmaphatie, le mouvement des #GiletsJaunes ne finira jamais : « Ils n’ont pas d’organisation, pas de chef, les revendications ne sont pas hiérarchisées et la seule identité qu’ils ont, ce sont les manifestations le samedi ! »@nikosaliagas #europe1 pic.twitter.com/m3U12d9g2C— Europe 1 ???? (@Europe1) gilets jaunes 19 avril 2019

18:34 – L’acte 23 des gilets jaunes mobilise sur Facebook

Comme chaque semaine, c’est sur Facebook que les appels à manifester sont lancés. Pour ce 23e épisode, une page sur le réseau social dépasse largement le nombre de personnes se disant intéressées pour y participer, par rapport aux semaines précédentes. Baptisée « Acte 23 Ultimatum 2 Appel National Et International Tous A Paris« , cette page rassemble plus de 18 000 personnes ayant montré leur intérêt pour l’événement.

17:57 – Gilets jaunes : pour la police « il y a une grosse appréhension »

Beaucoup s’attendent à un acte 23 du mouvement Gilets jaunes particulièrement violent. A commencer par Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, qui met en garde contre de possibles débordements dans les grandes villes. Mais les syndicats de police redoute aussi cet « ultimatum 2 » : « Il y a une grosse appréhension » a confié Sandrine Cairety, responsable du 8ème et 16ème arrondissements pour le syndicat de police Alliance à France Bleu. « On craint une journée très compliquée. […] Qu’est ce qui va se passer? » interroge-t-elle. « Le collègue, il va se demander quelle va être sa journée. Est-ce qu’il va rentrer avec une blessure grave? Leur conjoint et leur famille se posent la même question. » a-t-elle ajouté. A l’échelle du pays, 60 000 policiers et gendarmes seront mobilisés.

17:21 – Un gilet jaune dépose une plainte contre un fichage

Sébastien Maillet, 30 ans et  « gilet jaune », a été blessé le 9 février lors d’une manifestation. Ce dernier, opéré à l’hôpital européen Georges-Pompidou a Paris, a eu la main arraché par une grenade. Mais il décidé de déposer une plainte contre X, dénonçant un possible fichage « illicite ». Sa plainte repose sur des informations publiées mercredi 17 avril dans le Canard enchaîné, qui font état d’un rencensement nominatif par les hôpitaux parisiens des personnes blessées dans les manifestations gilets jaune au sein d’un fichier « SI-VIC ». Pensé à l’origine pour les victimes d’attentats, le plaignant soupçonne ce fichier d’avoir été détourné avec « pour objectif de créer une liste de personnes militantes », a-t-il expliqué à l’AFP.

17:01 – Dans les manifestations Gilets jaunes, 62 cas de violences policières contre des journalistes signalés

Le journaliste David Dufresne a annoncé qu’il avait recensé 62 signalements de violences policières contre les journalistes durant les manifestations des gilets jaunes, à l’occasion du dévoilement du rapport de 2019 de Reporters sans Frontières. Sur son compte Twitter « Allô place Beauveau », il s’est fait une spécialité de recenser et partagé les cas de violences policières depuis le début du mouvement. « Mais c’est forcément en deçà de la vérité puisque je ne signale que ce qui est documenté avec photos, vidéos et/ou plaintes » explique le journaliste dans des propos rapportés par Télérama.

16:45 – Gilets jaunes : des renforts de CRS attendus à Montpellier

Samedi 20 avril s’annonce comme une journée importante dans la mobilisation des Gilets jaunes. Le ministre de l’Intérieur a estimé que « les casseurs seront à nouveau au rendez-vous à Toulouse, Montpellier et Bordeaux par exemple ». La préfecture de l’Hérault a prévu un renfort de CRS à Montpellier, rapporte France Bleu. Quatre compagnies de CRS devraient être présentes, soit entre 400 et 500 hommes, contre une centaine les week-ends précédents.

16:30 – Après les gilets jaunes, une « révolution » ?

Sur l’antenne d’Europe 1, Jacques Attali a livré son analyse sur les gilets jaunes, après cinq mois d’existence et autant de manifestations et de blocages. Déplorant que « depuis la crise de 2008, on n’a rien fait d’autre que de retarder l’échéance », l’essayiste assure que « la France fait des révolutions, mais ne fait pas de réformes ». Et d’évoquer le mouvement contestataire, qui symbolise une « colère extrêmement profonde et justifiée » : « Les gilets jaunes sont les prémices de ce qui pourrait être une révolution ».LIRE PLUS

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Gilets jaunes : l’acte 23

31 000 personnes avaient défilé pour l’acte 22, samedi dernier. L’acte 23, ce samedi 20 avril, pourrait être marqué par un regain de contestation et une augmentation du nombre de manifestants, si l’on en croit les appels lancés par les gilets jaunes sur les réseaux sociaux. Dès le 28 mars, Eric Drouet, l’un des leaders des gilets jaunes, appelait à une vaste mobilisation, suivant le grand débat. Il prévenait même Emmanuel Macron et Edouard Philippe d’éventuelles violences, leur demandant d' »organiser la sécurité ». Et il a été entendu. Christophe Castaner annonçait vendredi matin que « les casseurs seront à nouveau au rendez-vous ». Le ministère de l’Intérieur, qui dispose d’informations remontées par les services de police et de renseignement, craint que de nombreux casseurs soient particulièrement actifs à Paris et dans quelques grandes villes de province. Christophe Castaner a fait savoir que 60 000 gendarmes et policiers sont mobilisés pour encadrer les manifestations des gilets jaunes. Bordeaux, Toulouse, Montpellier seraient des « villes à risques » selon le ministre.

Gilets jaunes à Paris

Depuis le début de semaine, et même avant cela, plusieurs appels à manifester à Paris, à la tonalité clairement belliqueuse, ont été publiés sur Facebook et ont été suivis par de nombreux abonnés. Le groupe « Acte 23, Ultimatum 2. Appel National Et International Tous A Paris !!! »  comptait hier après-midi près de 5500 participants et 18 000 intéressés. Il faisait clairement référence à une mobilisation « non pacifique » et plusieurs commentateurs s’indignaient des dons pour Notre-Dame. Le groupe « Acte 23 : Paris Ultimatum Et Révolte Du Peuple ! » réunissait quant à lui près de lui 1400 participants et 5400 intéressés. Un troisième groupe, « Acte 23 Ultimatum 2 : RDV A L’elysee ! », donnait quant à lui rendez-vous à ses membres sur les Champs-Elysées, pourtant interdits, avant une marche vers le palais de l’Elysée. Des projets de rassemblement de gilets jaunes aux abords de Notre-Dame de paris circulaient également, qualifiés de « pure provocation » par le préfet de police de Paris Didier Lallement.

Dans la capitale, les forces de l’ordre ont été appelées à se montrer particulièrement vigilantes. Cette semaine, une note de la préfecture de police, consultée par Le Point, appelait les agents à prévoir un regain de violences. « Un bloc radical de 1 500 à 2 000 personnes, composé d’ultra-jaunes et de membres de la mouvance contestataire, devrait chercher à faire dégénérer les rassemblements organisés dans la capitale par des déambulations erratiques parsemées d’actes violents et par des velléités d’exactions dans des lieux symboliques comme le secteur des Champs-Élysées et le plateau de l’Étoile », pouvait-on lire sur cette note. Ce samedi 20 avril, la préfecture avait interdit tout rassemblement de gilets jaunes sur les Champs-Elysées et aux alentours de Notre-Dame de Paris.

Quelles sont les revendications des gilets jaunes ?

Les manifestants n’ont pas vraiment structuré leur mouvement, ce qui rend difficile l’expression de revendications formulées au nom de tous ses membres. Néanmoins, tous semblent s’accorder sur la nécessité de réduire la pression fiscale en France et de la rendre plus équitable. Au début du mouvement, une liste de requêtes avait été établie par quelques gilets jaunes, mais celle-ci a émergé de manière spontanée et non coordonnée. On y trouvait des demandes très éclectiques : « zéro SDF », « un impôt sur le revenu davantage progressif », « un Smic à 1300 euros net », « un grand plan isolation », « la fin des taxes sur le carburant », « pas de retraite en dessous de 1200 euros ». La création d’un référendum d’initiative populaire (RIC), donnant la possibilité au peuple de participer plus directement et plus facilement aux décisions, mobilise aussi les gilets jaunes depuis plusieurs mois.


Crédits photos : FRED SCHEIBER/SIPA